Comment aménager un espace de coliving ? Les conseils des spécialistes
Vous êtes propriétaire et souhaitez aménager votre investissement locatif en espace de coliving ? Mais vous ne savez pas trop comment vous y prendre ? COOLOC a interrogé pour vous des spécialistes, qui ont aménagé plus de 1 000 coliving :
- Edouard Bonissol est le fondateur de la branche ameublement de Masteos, devenu Masteos by Novaxia, l’un des acteurs majeurs de l’investissement locatif clef en main.
- Sébastien Guedj et Martin Farcy sont les co-fondateurs de Coloc Patrimoine, un acteur BtoB de l’investissement clef en main dans des espaces de coliving.
Les fondamentaux d’un aménagement réussi pour le coliving
Le premier défi auquel doit répondre un coliving apprécié est d’être attractif, aussi bien dans les espaces privés que les espaces communs.
Comment créer des espaces communs attractifs ?
La première règle est d’optimiser l’espace. C’est la raison pour laquelle, en investissant dans un espace de coliving, vous ne devez pas avoir peur de passer par la phase travaux afin de favoriser la fluidité de la circulation. « Nous ouvrons l’espace au maximum, expliquent Sebastien Guedj et Martin Farcy. Il ne faut surtout pas de petits couloirs qui prennent de la place et permettent à peine à deux personnes de se croiser, ni de petits escaliers. L’idéal, c’est la cage d’escalier autour de laquelle les espaces s’organisent. »
L’organisation des espaces communs en colocation ou en coliving doit répondre à certaines règles. L’entrée commune doit être suffisamment grande pour que tous les colivers puissent y mettre leurs affaires, manteaux et chaussures notamment. « Il faut prévoir un sas d’entrée avec un rangement prévu pour chaque coliver, afin d’éviter le bazar ».
Un grand espace commun est nécessaire. Si la taille varie, le ratio se calcule en fonction du nombre de chambres. Par exemple, estiment Sébastien Guedj et Martin Farcy, pour une colocation de 10 chambres, il faut prévoir un espace de 50 m2 afin que tous les colocataires puissent s’y tenir ensemble.
Dans le même ordre d’idée, le salon ouvert sur la cuisine est toujours un atout. De même que l’incontournable table pour se réunir et organiser des repas tous ensemble.
La fluidité de la circulation est une question majeure souligne Edouard Bonissol : «Par exemple, nous évitons de mettre un canapé devant une porte pour éviter les problèmes de circulation.»
La cuisine est ouverte sur un grand espace commun. Mais, conseillent Sébastien Guedj et Martin Farcy, il faut éviter l’îlot central dans la cuisine, notamment si le coliving accueille plus de 8 colivers. « C’est joli sur les photos mais ce n’est pas pratique si vous êtes nombreux. Un îlot demande beaucoup d’espace de circulation pour se déplacer autour. Cela fait perdre énormément de place. Or la cuisine est, avant tout, fonctionnelle.»
Toujours pour des questions pratiques, vous avez tout intérêt à penser à l’électroménager dont vous aurez besoin en fonction du nombre de chambres. « Nous prévoyons un 1 frigo pour 3 - 4 personnes expliquent Sébastien Guedj et Martin Farcy. On sait qu’ils ne seront pas 12 à cuisiner en même temps, mais cela permet de répondre aux besoins de chacun. Dans une maison de 12 chambres, nous comptons donc 3 ou 4 frigos. Même chose pour la buanderie avec un nombre de lave-linge proportionnel au nombre de colivers. »
D’une manière générale, il n’y a pas de télévision dans les chambres. « D’une part, les colivers ont déjà leur propre écran d’ordinateur. D’autre part, cela permet de garder la télévision dans l’espace commun. »
Optimiser les espaces privés
Dans la plupart des coliving, l’espace privé correspond à une chambre et une salle d’eau. Là encore, optimisez l’espace. Le mobilier est réduit au strict minimum témoigne Edouard Bonissol…. Minimaliste mais confortable avec des lits de 140x 200 chez Coloc Patrimoine, des matelas de 20 cm minimum et à mémoire de forme pour Masteos Ameublement. Les rangements doivent être vastes et nombreux : dressing et placard intégrés, mais aussi lit coffre recommande Edouard Bonissol « pour ranger sa valise, ses chaussures ou une seconde couette si le colocataire est frileux. »
Au-delà du fonctionnel, quels sont les trucs pour aider les colocataires à s’approprier leur espace privé ? « Nous installons des étagères, mais nous n’ajoutons qu’une petite plante décorative, explique Edouard Bonissol. Nous laissons de l’espace au coliver pour qu’il puisse mettre ses livres, ses objets personnels. Nous prévoyons un pêle-mêle avec quelques jolies images au mur, mais sur lequel il peut ajouter ses propres photos. L’important est de laisser de la place à la personnalité du résident. »
La vie privée s’étendant à la salle de bain, comment gérer cet espace délicat ? « L’idéal, reconnaissent Sébastien Guedj et Martin Farcy c’est avoir une salle d’eau privative pour chaque chambre. Quand ce n’est pas possible, nous prévoyons une salle de bains pour deux chambres, pas plus ! C’est une question de confort ! Et à chaque niveau, nous installons des toilettes indépendantes pour éviter les inconvénients du partage. »
Des espaces flexibles et modulables
Des aménagements qui peuvent évoluer
Coliving un jour, coliving toujours ? Pas forcément. Certains opérateurs comme Sharies ont vu une clientèle plus familiale investir leur coliving, ce qui justifie leur réflexion sur la réversibilité des coliving qui peuvent, dans certains cas, se transformer en location classique où les besoins sont différents. Mais comment anticiper ces évolutions ?
Par exemple, en réfléchissant dès la conception des lieux et l’organisation des pièces. Des conseils ? Chez Masteos Ameublement, « les salles d’eau sont souvent dos à dos pour se transformer en une seule salle de bains plus grande. Ou alors, nous veillons à ce qu’elles soient le long d’un couloir. Cela permet de la rendre plus accessible, en ouvrant une porte sur le couloir et non plus uniquement sur la chambre. »
Un mobilier qui s’adapte aux colivers
Accueillant des colocataires venus de tous horizons, ayant des parcours et une sociabilité différente, votre coliving gagne à s’adapter.
Dans le salon, expliquent les professionnels, «nous installons des canapés modulaires. Cela permet d’organiser l’espace comme le souhaitent les résidents devant la table basse pour un apéritif, devant la télévision pour voir un film ensemble, et toujours en fonction du nombre de ceux qui sont présents. »
Même chose pour les repas. « Il y a toujours une grande table dont le nombre d’assises correspond au nombre maximum de colivers. Mais elle est rétractable. Les colocataires ne prennent pas toujours leurs repas ensemble et la table s’adapte au nombre de convives présents. Elle permet aussi de moduler les espaces communs. Certains l’apprécieront pour travailler en coworking, ou pour discuter… »
Même chose dans les espaces privés : « Nous prévoyons une console gigogne pour chaque chambre qui se transforme en bureau expliquent Sébastien Guedj et Martin Farcy. Tous les colivers ne sont pas étudiants. Ils n’ont pas forcément besoin d’un bureau dans leur chambre ou préfèrent travailler dans les espaces communs. » Même constat pour Edouard Bonissol : « Dans les chambres, nous installons soit des consoles gigognes, soit des secrétaires qui, en s’ouvrant, offrent des espaces de rangement. Le bureau dans la chambre est multifonctionnel, car tout le monde n’en a pas besoin. Et les rangements permettent de gagner de l’espace. »
Optimiser vos coûts d’aménagement… tout en réduisant l’impact
Le choix des matériaux durables et abordables
Qui dit travaux, dit déchets ! Or depuis le 1er juillet 2021, le devis de l’entreprise qui effectue les travaux doit indiquer les modalités de gestion des déchets (estimation de la quantité totale de déchets, des types de déchets, points de collectes envisagés…). Certaines mettent un point d’honneur à les revaloriser, ce qui vous permet de réduire l’impact de vos travaux.
Côté mobilier, «nous sommes exigeants : fabrication européenne, exigeant sur le bois utilisé de façon renouvelable, démarche de proximité. Et nous sommes responsables vis-à-vis de nos partenaires » explique Edouard Bonissol.
Sachant qu’un coliving est appelé à accueillir de nombreux résidents, pour des durées variées, investir dans un mobilier de qualité est une priorité ! En effet, ne prenez pas du mobilier ni trop fragile, ni trop bon marché qui risque de se dégrader rapidement.
Certains propriétaires qui hésitent encore sur le mobilier s’orientent vers la location de meubles. Un moyen assez pratique et économique de tester différents types de meubles dans un coliving ou de faire évoluer le mobilier en fonction des besoins des colivers.
Si vous avez le temps et l’envie, rien ne vous empêche non plus de décorer votre bien locatif avec de la seconde main.
Comment la technologie améliore votre coliving ?
Tout simplement en simplifiant la vie de vos colivers, et la vôtre par la même occasion. Un exemple ? Les serrures connectées qui s’ouvrent par bluetooth, code ou par carte. Cela évite les remises de clefs, les pertes de clefs et la gestion des doubles, même si certains coliving optent toujours pour les boîtes à clés à l’extérieur du logement.
S’appuyer sur vos colivers pour l’aménagement de votre coliving
Pour Edouard Bonissol, avoir un retour client directement est capital. « Cela nous permet de nous adapter et de prendre en compte leurs remarques, par exemple en ce qui concerne la décoration ».
Comment créer une ambiance conviviale et collaborative ?
Miser sur la décoration, pour donner envie aux colivers de venir. « Nous utilisons des couleurs chaudes, des teintes douces, intemporelles, universelles et pas trop marquées et un éclairage chaleureux. L’objectif est de créer une ambiance chaleureuse, accueillante. Bien sûr les couleurs varient d’un coliving à l’autre. Mais des couleurs comme le rose, le vert tilleul fonctionnent bien. Dans d’autres coliving, nous choisirons des bois foncés comme le noyer, alliés à des couleurs terracota ou kaki, pour une touche d’élégance. L’important est de garder une cohérence harmonieuse. Même dans l’ameublement, nous faisons attention à garder des tonalités de couleur similaires. »
Les meubles sont fonctionnels, mais vérifiez bien que les assises soient confortables et agréables.
Enfin, conseille Edouard Bonissol, n’hésitez pas à ajouter des éléments qui apportent de la chaleur tout en étant esthétiques : tapis, des petites plantes, des luminaires doux - toujours des lumières chaudes. Le style doit être intemporel.
« Il faut éviter les tendances et effets de mode, car ils figent la décoration. Cette dernière risque d’être rapidement datée. Or la décoration est faite pour durer. » Évitez aussi les espaces trop chargés en déco. « Trop de décorations, cela enferme les logements dans un style. C’est rapidement étouffant. Or les coliving doivent s’accorder avec tous les types de profils. »
Et cela fonctionne ? « Nos colivers visitent les logements à distance et visiblement, ils se projettent, puisque parfois une visite virtuelle suffit pour qu’ils prennent une chambre. » Même si Cooloc vous recommandera toujours une visite physique en plus d’une visite virtuelle.
Une pièce en plus ?
De nombreux coliving mettent en avant leur plus : une salle de cinéma, une salle de sport, un espace de coworking, une salle d’invité. C’est aussi ce que préconisent Sébastien Guedj et Martin Farcy : « dans les maisons, nous installons une pièce bonus : cela peut-être une salle de sports, de jeux avec un baby foot, de repos ou un coworking… Elle est aménagée de façon simple : isolation, parquet, des lumières chaudes, des prises. Nos clients peuvent ensuite ajouter les éléments qu’ils souhaitent : tapis de sport, bureau ou écran géant en fonction des desiderata ou du mode de vie des colocataires. »
Respecter l’intimité de chacun
L’intimité passe par l’accès à l’espace privé. N’hésitez pas à prévoir des serrures sur chaque porte à l’extérieur et un loquet intérieur pour assurer la sécurité et la confiance.
L’intimité, c’est aussi ne pas subir ou faire subir ses propres bruits.
Vous avez tout intérêt à penser à l’insonorisation dès la phase des travaux. « Nous veillons à insonoriser les cloisons avec des matériaux spécifiques, explique pour sa part Edouard Bonissol. Nous préférons du parquet collé au parquet flottant et ajoutons des tapis. Nous mettons des patins aux pieds des chaises de bureau pour éviter le bruit. Atténuez le bruit des portes qui se ferment, en ajoutant des joints et des boudins en bas de porte. Ces derniers assurent autant l’insonorisation que l’isolation thermique. « Nous ajoutons parfois des panneaux absorbeurs de bruits notamment en tête de bureau pour absorber le son ».
Des aménagements éco-responsables en coliving, est-ce possible ?
Quelques stratégies d’aménagement durable
La première stratégie est déjà de rénover un bâtiment, un immeuble plutôt que de miser sur du neuf. Le secteur du bâtiment est en effet l’un des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre. De plus, la rénovation permet de choisir des matériaux durables et d’assurer la rénovation thermique de l’immobilier. C’est d’ailleurs la stratégie choisie par Coloc Patrimoine. « Nous n’achetons que de grandes maisons, classées F ou G et nous refaisons tout : isolation, chauffage par pompes à chaleur ou gaz à condensation. Ce sont, à terme, des économies d’énergie pour les exploitants. Et cela permet une revalorisation du bien.»
Au quotidien, d’autres stratégies sont mises en place : dans les espaces communs, les cages d’escaliers, des détecteurs de mouvement permettent aux lumières de s’éteindre automatiquement. Chez Coloc Patrimoine, « nous installons aussi des têtes de chauffage thermostatiques connectées. Elles permettent à l’exploitant de déterminer à distance le degré de chauffage du bien immobilier »
Du côté de Masteos Ameublement, ce sont les radiateurs intelligents qui ont la cote : ils s’arrêtent lorsqu’ils détectent que la fenêtre est ouverte. Dans les salles d’eaux et la cuisine, des économiseurs d’eau sont installés dans les robinets pour utiliser moins d’eau, mais avec un débit identique.
Comment favoriser les pratiques de vie durable chez les locataires ?
Le tri des déchets est incontournable pour Edouard Bonissol. « Chaque coliving est muni de bacs de tri. Nous laissons des notes d’informations sur la gestion des déchets dans la commune aux colivers. » D’autres colivings proposent, en plus, des services comme la livraison de café équitable ou de paniers bio et km 0. Certains, pour le ménage, font appel à des associations de réinsertion ou employant des travailleurs en situation de handicap.
Développer de bonnes pratiques tout en apportant des solutions de logement, serait-ce l’avenir du coliving ?