L’Italie, pionnière du coliving ? Le concept, né aux Etats-Unis, est aujourd’hui une réalité européenne. Mais c’est en Italie que l’un des pionniers du coliving s’est développé dès 2007. Sara Taddei, directrice marketing et communication de Dovevivo nous explique les origines mais aussi les spécificités du marché du coliving en Italie.
Italie : les origines du coliving
COOLOC : Comment est né le coliving en Italie version Dovevivo ?
Sara Taddei : Le coliving version Dovevivo est né d’un double besoin. Les deux cofondateurs avaient vécu dans différentes capitales européennes en colocation. A leur retour à Milan, ils se sont rendus compte qu’il y avait un besoin réel. En effet, la ville était confrontée à deux besoins spécifiques. Mais qui pouvaient se résoudre à travers une seule réponse :
- La demande, extrêmement visible, d’une part. Elle émane des étudiants et jeunes actifs qui cherchent un logement de qualité. Or à Milan, ils s’aventuraient dans une véritable jungle. Les locations étaient mal ou peu entretenues. Il n’y avait aucune règle claire. Au niveau sécurité, c’était un désastre. Les cofondateurs ont vu qu’il existait un immense manque sur le marché locatif en termes de mise aux normes et de qualité.
- D’autre part, l’offre. De nombreux propriétaires possèdent un ou même plusieurs appartements. Mais connaissant tous les risques liés à la location, ils se refusaient à louer leur bien. En Italie, les risques de loyers impayés sont importants. Les propriétaires craignent aussi de voir leur appartement dégradé. Ou même, ce qui est fréquent, que leurs locataires refusent de partir à la fin du bail. Et dans ce cas, ils n’ont aucun recours. Il existait donc un manque de règles et d’encadrement qui engendrait un sentiment d’insécurité de part et d’autre
Les co-fondateurs ont compris qu’il existait un marché potentiel. Dès 2007, ils ont commencé à louer de grands appartements (120-150 m2) – plus difficiles à louer en règle générale – à des propriétaires privés. Ils les ont restructurés pour les adapter à notre clientèle cible : des étudiants et des jeunes actifs âgés de 18 à 35 ans. Ils ont rapidement industrialisé le processus. Aujourd’hui encore, la location en coliving de grands appartements reste notre produit clef.
Les spécificités du marché italien du coliving
COOLOC : Quelles sont les caractéristiques du marché du coliving en Italie ?
Sara Taddei : La plupart des villes où nous sommes implantés ont les mêmes besoins et nous a avons observé la même évolution. A Milan comme à Turin, ou dans des villes plus petites comme Padoue : une entrée progressive sur le marché, puis une croissance continue.
Toutes les villes évoluent de la même manière en Italie, plus ou moins rapidement. Toutes … sauf Rome.
Rome est très différente du reste de l’Italie. Au départ, nous avons rencontré beaucoup plus de difficultés aussi bien pour acquérir les appartements que pour les occuper. Personne ne nous connaissait. Sans compter que l’organisation du marché est plus opaque, contrairement à Milan où les règles sont claires.
Mais depuis quelques temps, un changement s’est opéré et le marché romain est devenu bien plus dynamique. Nous nous sommes rendus compte que, pour un modèle comme celui de Dovevivo, ce qui fonctionne, ce sont les relations avec les institutions, les organisations internationales ou les banques. Elles possèdent un important patrimoine immobilier. En arrivant avec un modèle organisé et éprouvé, nous leur avons inspiré confiance. Aujourd’hui, nous avons également des clients particuliers, mais les clients institutionnels représentent la plus grande partie de nos clients romains. C’est précieux puisqu’ils peuvent nous donner plus de 100 chambres individuelles en un seul contrat.
Les besoins actuels en matière de logement
COOLOC : Que cherchent les colivers de Dovevivo ?
Sara Taddei : La tendance a changé. Aujourd’hui, la stabilité professionnelle arrive plus tard. On se marie plus tard également.
Cela se ressent parmi nos clients. Nous recevons davantage de requêtes venant des plus 35 ans. Les gens qui veulent vivre en appartement partagé – colocation ou coliving – sont plus nombreux pour des motifs financiers – économies, partage des charges…. Mais se ressent aussi l’envie de vivre dans un logement plus grand et plus central. L’aspect social est très important pour les colivers. Ils ne veulent pas s’isoler dans un appartement trop petit. L’équilibre est primordial pour eux. Ils cherchent à préserver leur vie privée – qu’ils trouvent chez Dovevivo avec une chambre individuelle, où ils peuvent créer leur monde. Mais ils ont besoin aussi de relationnel, de discuter, de retrouver d’autres personnes.
Le logement ne doit plus être un obstacle. Les actifs doivent pouvoir se déplacer facilement, déménager d’une ville à l’autre, pour mener notamment leur vie professionnelle.
Notre objectif aujourd’hui est d’ailleurs de construire une véritable communauté de coliving Dovevivo. Si nos colivers déménagent dans une autre ville où ils ne connaissent personne, ils savent que la communauté Dovevivo les accueille, favorise les rencontres à travers des événements online et offline, et l’échanges de services entre colivers
Avec Dovevivo, ils profitent d’un logement confortable. Ils ne sont pas liés par l’acte d’achat. Être propriétaire, en effet, implique de gérer seul un bien. L’entretien coute cher en temps, en énergie et en argent.
Dans le coliving de Dovevivo, nous gérons tous ces aspects. Quel que soit le problème, (panne d’électroménager, petits travaux d’entretien…), nous nous en chargeons. Le principe du coliving est simple : vous arrivez et que vous profitez d’une jolie maison sans avoir à penser à l’entretien ou à l’administratif.
Des besoins partout identiques
COOLOC : Dovevivo s’est exporté depuis presque trois ans. Pourquoi ?
Sara Taddei : En novembre 2019, nous avons fait recherche en France, en Espagne et en Grande-Bretagne. C’est impressionnant de voir à quel point les besoins sont identiques d’un pays à l’autre. Partout, les locataires sont unanimes : c’est très compliqué de trouver un logement. Comme la demande est importante et l’offre rare, un processus de sélection se met naturellement en place. Les locataires craignent de ne pas trouver de logement. En effet, si vous visitez une chambre et qu’elle vous plait, vous, vous devez aussi plaire aux propriétaires et / ou aux colocataires.
Pas de problème de ce type avec Dovevivo. Il n’y a pas de dossiers complexes à préparer. Pour les locataires qui ne sont pas en Italie, tout le processus est online. Ils vont sur le site, participe à une visite virtuelle ou prennent rendez-vous pour en faire une et retiennent leur chambre online.
Les locataires italiens, eux, ont besoin de visiter concrètement la chambre et l’appartement. Si l’endroit leur plait, nous avons une équipe de commerciaux qui les accompagnent pour préparer leur entrée dans les lieux.
La pandémie comme booster du vivre ensemble
COOLOC : quelles ont été les conséquences de la crise sanitaire ?
Nous avions peur des conséquences de la pandémie, qui pouvait mettre un frein à l’envie de partager un logement. Au contraire, nous pensions que cela pousserait les gens à vivre chacun de leur côté.
Au contraire, les gens veulent partager, vivre ensemble. Les gens ne veulent pas vivre seuls. Ils ont besoin de partager leur vie, surtout lorsqu’ils arrivent dans une ville inconnue. Le travail ou leur vie les pousse à changer de ville et vivre en coliving leur permet d’avoir des points de référence. La crise sanitaire a, en fin de compte, révélé l’envie des gens de vivre ensemble.