Règles de vie pour une colocation harmonieuse
Si la co-location a toujours existé, elle connaît actuellement un regain d’intérêt non négligeable. Changement de ville, de situation, besoin d’un logement plus flexible que la location classique avec le coliving, inflation … De multiples facteurs favorisent son essor.
Vivre ensemble, la solution aujourd’hui ? Oui, mais “La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres” écrivait le penseur John Stuart Mill au XIX° siècle. Une règle encore plus juste en colocation ou en coliving, rappelle la sociologue Monique Eleb. Elle l’a observé à de multiples reprises en cohabitation : « l’absence de règles ou la violation de règles existantes provoque immédiatement des conflits ».
Etre chez soi … mais tous ensemble
Tout dépend-il du bail ?
Comment le type de bail peut influencer l’établissement des règles en co-location ou en coliving ?
- En bail collectif, vous vous répartissez les chambres entre co-locataires. Vous décidez entre vous des espaces, de la division et du mode de règlement du loyer. Et pour que les choses se passent bien, pas d’improvisation possible ! Il faut se mettre d’accord et mettre en place un règlement, ne serait-ce que pour l'organisation du paiement du loyer et des charges. Dans une colocation à bail unique, mieux vaut donc bien s’entendre avec les autres colocataires et créer une relation de confiance.
- Le bail individuel est un peu différent. Vous signez votre propre bail directement avec le bailleur. Il indique la pièce dont vous avez l’usage exclusif, les espaces communs que vous partagez, la répartition des charges. Vous n’avez, théoriquement, de comptes à rendre qu’à votre bailleur.
Assurer l'harmonie entre inconnus
En revanche, pour ce qui est de l'organisation au quotidien, ce dernier n'est pas forcément impliqué. Or, vous ne connaissez pas vos colivers. Comment assurer l'harmonie au quotidien ? A Antony, dans le coliving Santa Fe, les opérateurs rencontrent chaque aspirant coliver afin de garder l'esprit positif, collaboratif et ouvert du lieu.
Chez Many Many, au Luxembourg où les colivers viennent de l’étranger et retiennent leur chambre en ligne, impossible de savoir à l’avance qui va s’entendre avec qui. Mais la start-up prend quelques précautions : « Nous nous assurons que la personne a bien compris où elle va, qu’elle va partager cuisine, salon… Nous abordons certaines questions pour évaluer compatibilité du coliver avec la vie en communauté. »
Et sur place ? « Nos coliving n’accueillent pas plus de 5 personnes. Nous avons remarqué que c’est le maximum pour permettre aux colivers de résoudre les conflits potentiels eux-mêmes. Si nous augmentons la taille des « tribus » comme nous les appelons, les problèmes arrivent. Mais depuis que Many Many existe, nous ne sommes intervenus que deux fois et encore pour des problèmes assez faciles à régler. » explique Nicolas Leguay, l'un des co-fondateurs.
Cela ne vous empêche pas d’instaurer quelques règles de vie pour assurer une co-location harmonieuse.
Avoir des exigences communes
La question des règles en co-habitation n’a rien d’évident, surtout lorsque vous arrivez en co-location avec de parfaits inconnus.
Les besoins varient selon les personnes. Si vous êtes parent solo ou senior, vous n’avez pas la même flexibilité qu’un étudiant ou un jeune actif. Les choix des co-locataires est donc fondamental.
Or chacun a ses exigences chez soi … Et la co-location, le coliving, c’est aussi chez vous. Il est donc important de se sentir bien avec les gens que vous retrouvez le soir ou que vous croisez le matin.
La première règle est de trouver le (ou les) bon co-locataire(s), ceux ou celles qui comprendront vos exigences et qui les partageront
Par exemple, si vous cherchez une colocation longue durée et attendez de vos colocataires autre chose que le partage du loyer et de la cuisine, mettez-le en avant. Exprimez clairement vos attentes. Privilégiez les personnes qui, comme vous, recherchent la stabilité dans le vivre ensemble.
« Il est nécessaire d’avoir des affinités avec la personne avec qui on habite, insiste Monique Eleb. Il arrive que les jeunes accueillis soient en fait d’ex-enfants-rois épouvantables. Cela rend le quotidien difficile. Il faut aussi compter avec l’interdit de la sexualité, ce qui peut être problématique. »
Trouver des co-locataires compatibles
Attention, bien s’entendre avec ses co-locataires ne veut pas dire vivre avec votre copie conforme. Ce n’est pas parce que vous avez des enfants que vous ne pouvez pas vivre avec des célibataires. Vous êtes senior, rien ne vous empêche de vivre avec des étudiants ou de jeunes actifs. C’est même le principe de la colocation intergénérationnelle !
Mais comment trouver les co-locataires qui vous correspondent ? COOLOC est là pour ça ! Discutez de vos besoins, attentes, rythme de vie avec les 100 000 co-locataires inscrits et trouvez ceux qui vous correspondent !
Comment établir des règles de vie en co-location ?
Pour assurer l’harmonie dans la colocation, mettre en place le partage des responsabilités et la gestion des espaces communs, rien ne vaut la charte de co-location.
La charte de co-location, kesako ?
Il s'agit d'un règlement que vos colocataires et vous définissez ensemble. L’avantage : vous décidez des règles qui s’appliquent pour tout ce qui concerne la co-location.
concernant les devoirs des co-locataires. Par exemple,
- comment les co-locataires règlent le loyer et se répartissent les charges en bail collectif ;
- quel est le co-locataire référent pour les contacts avec le propriétaire bailleur
Elle permet aussi de régler d'autres questions :
- Le ménage : les co-locataires s’y collent ? Ou alors se partagent-ils les frais d’une femme de ménage ?
- Comment s’organisent les courses pour le coliving (produits ménagers, ampoules à changer...) ?
- Comment recevoir des invités ? Les visites peuvent-elles être imprévues ?
- Comment se prennent les décisions : discussions informelle, tour de table, vote… ?
La charte de co-location gère tous les aspects de la vie en commun. Surtout ce qui est susceptible de poser problème chez l’un des co-locataires.
Comment la faire ? C'est ultra-simple. Il suffit de s’asseoir autour d’une table tous ensemble. Parlez de ce que vous ne pouvez pas supporter, ce que vous voudriez changer et êtes prêt à accepter. En parlant, vous devriez trouver une solution pour chaque problème. Et des règles de vie acceptées par tous.
Chacun signe la charte de co-location. Et chaque nouvel arrivant la signe aussi. Tous peuvent proposer des changements, en fonction de la situation.
Conseils pratiques pour une cohabitation réussie
Au-delà de l’usage des espaces communs et de l’organisation de la vie quotidienne, d’autres questions peuvent se poser lorsque l’on vit en co-location. Il est capital de s’y préparer.
Respect de la vie privée
« L’intimité est fondamentale car on vit ensemble sans être dans un rapport amoureux. Les pièces privées doivent être protégées. Nous avons visité une co-location où les portes des chambres étaient vitrées, ce qui va à l’encontre du besoin d’intimité. Au fur et à mesure de nos visites, nous avons remarqué que le lit, dans chaque chambre, était déplacé, pour ne plus être visible depuis la porte » raconte Monique Eleb.
Avoir un espace intime, c’est disposer d’un espace qui n’est exposé ni aux regards, ni aux bruits. « Or la vie sexuelle est bruyante. Et s’il n’y a pas de protection, cela devient très gênant. Il faut donc se poser la question dans une co-location : l’espace privé garantit-il ou pas l’intimité ? » insiste Monique Eleb. La question de la vie amoureuse – peut-on ramener quelqu’un à la maison ? Peut-il ou elle rester dormir ? … - doit absolument être abordée avant que la situation ne se présente. Cela permettra d’éviter toute mauvaise surprise ou situation gênante.
D’un point de vue pratique, en bail individuel les chambres soient équipées d’une serrure. Concernant le bruit, il existe des moyens d’insonoriser les pièces. Discutez-en avec votre bailleur si le problème se pose.
Et respect de chacun dans les espaces communs
Certains espaces sont parfois privatisés dans les espaces communs, par exemple des étagères dans la cuisine, dans le frigo. Il est important de les délimiter (étiquette, code couleur...). Ensuite, respectez l’espace de chacun. Si vous souhaitez apporter des modifications, parlez-en d’abord avec vos co-locataires.
De même, si vous souhaitez changer la disposition ou la décoration des espaces communs, ne prenez pas d’initiatives. Discutez-en tous ensemble.
Enfin, la co-location, c’est le partage d’un logement mais aussi celui des affaires : la vaisselle, les meubles, etc. Prenez soin des affaires des autres.... Comme vous voudriez qu’on prenne soin des vôtres ! Si des objets personnels sont mis à la disposition des locataires (télévision, instrument de musique...), tout le monde doit y faire attention.
La communication pour la résolution de conflits
En dépit de toutes vos précautions, les conflits sont toujours possibles ! Pas de panique ! Tout peut se résoudre. Si la discussion ne suffit pas à régler le litige, « un tiers est nécessaire » conseille Monique Eleb. « Il peut s’agit d’un animateur, d’un régulateur qui intervient de l’extérieur pour rappeler les règles. Si le régulateur vit dans la co-location, il doit être étranger au conflit. »
C’est la raison pour laquelle la co-location se révèle un apprentissage de la sociabilité très efficace, remarque Monique Eleb. On apprend à s’adapter aux autres, à faire la différence entre ce qui est acceptable ou pas (bruits, laisser la vaisselle ou le linge sale s’accumuler…)
La cohabitation n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a sans cesse des ré-ajustements, des mises au point pour gérer le quotidien. Pour Corentin, qui a acheté un appartement avec ses co-locataires, il n’y a pas de secret. Une co-location réussie, c’est une co-location – ou un coliving – fondé sur la communication. Avant d’arriver à une réelle dispute qui peut tourner mal, il suffit de discuter de ce qui dérange l’autre. Chacun pourra ainsi comprendre les opinions et respecter les autres. Finalement, vivre ensemble, c’est d’abord parler !