Urbain et engagé : c’est le concept du coliving Santafe.
Juste un coliving de plus à Antony en banlieue parisienne direz-vous ? En apparence, c’est un coliving urbain. En pratique, Santafe est d’abord un coliving engagé. Rencontre avec Vincent Dubois et Thibaut de Villoutreys à l’origine du concept.
Un défi à l’origine du coliving engagé
COOLOC : D’où est venue l’idée de créer un coliving urbain engagé et responsable ?
Vincent Dubois : Je travaille pour une congrégation religieuse dont je gère l’immobilier, à Antony. Cette congrégation dirige l’institution scolaire Sainte Marie d’Antony – qui compte 4 000 élèves. L’institution possède également des appartements prévus pour les élèves de prépa internes. Aujourd’hui, les internes logent tous dans un seul lieu, l’ancienne bergerie royale de Louis XIV. La congrégation n’avait donc plus l’usage de ce logement de 240 m2.
N’étant pas des pros de l’immobilier, les frères de la congrégation nous ont chargés de l’exploiter pour en tirer un revenu. Avec Thibaut, mon associé, nous avons réfléchi et nous nous sommes rendus compte qu’un espace de coliving serait une solution pleine de sens. L’aspect communautaire correspond à la façon dont vivent les frères de la congrégation. Restait à trouver comment exprimer l’engagement.
Tendre à l’exemplarité
COOLOC : Comment se traduit cet engagement ?
Vincent Dubois : Nous cherchons à être exemplaires sans pour autant être contraignants. Au niveau du coliving, nous adoptons une démarche éco-responsable comme d’autres colivings. L’électro-ménager est à faible consommation, nous facilitons le tri des déchets et nous incitons à la sobriété énergétique avec des capteurs dans les parties communes pour prendre conscience de la consommation. Nous avons conçu des stickers, des gobelets imprimés disposés dans les parties communes pour adopter les bonnes pratiques sur un ton sympa et disruptant.
Thibaut de Villoutreys : Le wifi est inclus, ainsi que l’accès à des plateformes de streaming : Netflix, mais aussi Saje Distribution qui propose des programmes orientés vers les valeurs catholiques ou encore Imago TV la plateforme de streaming des programmes écolos. Une association d’insertion par le travail assure le ménage des espaces communs. Concernant le café, il est distribué par les Cafés Joyeux. Nous proposons aussi deux paniers repas bio mensuels issus de circuits locaux, fournis par Rutabago, une entreprise labelisée ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale). Préparer ensemble et partager des repas renforce la vie de la communauté.
Vincent Dubois : Mais nous voulons aller plus loin. Notre objectif est de mettre en place un parcours d’ateliers prospectifs pour les résidents. Nous voulons inviter des entrepreneurs dont les initiatives intéressantes leur ont permis de concilier vie professionnelle et engagement. Il s’agit, à terme, d’éveiller des vocations dans l’engagement et le bénévolat.
Un engagement qui séduit
Vincent Dubois : C’est Stéphanie Catanzano qui a assuré la décoration et le design du coliving. Connue pour être l’une des décoratrices de l’émission de Stéphane Plaza « Maison à vendre », c’est aussi une femme ayant des valeurs fortes : engagement, partage, respect de l’environnement. Autant d’éléments qui nous tiennent à cœur et que nous voulions retranscrire dans l’organisation d’un coliving urbain et engagé.
Le projet l’a séduite. Elle a vu que nous nous étions lancés non pour gagner de l’argent, mais pour créer un concept sympa et que nous étions tous engagés personnellement en dehors de nos vies professionnelles. Nous voudrions que nos futurs colivings restent dans cet état d’esprit, que se crée la même magie, la même alchimie.
L’engagement … progressivement
COOLOC : Comment les colivers réagissent-ils face à ce concept ?
Vincent Dubois : Au début, nous leur parlions très vite de l’engagement, mais c’était une erreur. Des candidats nous l’ont fait remarquer : « Tout ce que vous faites c’est bien, mais s’engager, c’est une démarche personnelle. Nous ne voulons pas de contrainte en venant vivre ici. »
Thibaut de Villoutreys : Nous avons donc cessé de mettre l’accent sur le côté coliving urbain engagé et n’en faisons plus un critère sélectif. En revanche, nous organiserons des événements pour permettre aux résidents de s’ouvrir l’esprit sur les questions d’engagement et de solidarité.
Des colivers motivés dans l’engagement
COOLOC : Quel est le profil des colivers du Santafe ?
Vincent Dubois : Dans l’ensemble, tous ont un parcours d’études conséquent. Et tous sont sensibles à notre démarche. D’autant plus que l’actualité va dans notre sens. Lorsque nous avons rencontré les candidats qui souhaitaient intégrer le coliving, nous avons choisi des colivers enthousiastes, à l’écoute et réactifs. Tous veulent s’impliquer dans une démarche durable.
Thibaut de Villoutreys : Pour ce premier coliving que nous lançons, nous voulions accueillir une population qui comprenne notre démarche. Nous ne voulions pas de colivers dont le but unique aurait été la signature d’un bail lambda sans recherche de partage et de convivialité.
COOLOC : Comment choisissez-vous vos colivers ?
Vincent Dubois : Nous avons là encore adapté notre processus. Au départ, nous les rencontrions d’abord en visio, puis, dans un second temps, leur faisions visiter l’appartement. Maintenant, nous les rencontrons directement sur place. Cela leur permet de s’immerger pleinement dans l’univers Santafe… Et pour nous, de nous rendre compte si le profil des candidats colle avec nos envies. Certains profils pouvaient correspondre sur le papier, mais nous ne les avons finalement pas retenus. Nous sentions de la réserve en présence des autres candidats et un maintien des distances physiques. D’autres semblaient obnubilés par le partage des dépenses, qui payait s’il fallait racheter une ampoule…
Thibaut de Villoutreys : Il nous semblait important qu’ils aient vraiment envie de faire partie du coliving pour qu’il se passe quelque chose. Si on prend des candidats sur dossier, sans les connaitre, l’alchimie n’est pas certaine. C’est la raison pour laquelle nous voulions les sélectionner un par un. Nous avons pris le temps nécessaire pour constituer la communauté.
C’est d’autant plus important qu’il s’agit d’un appartement pilote. Nous partons de zéro et nous coconstruisons le projet avec les résidents. Nous apprenons avec eux en marchant ensemble. Mais nous voyons les choses en plus grand et voulons nous développer.
COOLOC : Il y aura donc d’autres coliving engagés ?
Vincent Dubois : Avec ce premier coliving, nous testons et ajustons notre proposition. Un deuxième espace, qui appartient également à la congrégation, sera sur le marché dans moins d’un an. Nous voulons nous développer. Mais nous ne voulons pas tirer de plans sur la comète. Nous saisissons les opportunités qui se présentent, rencontrons des promoteurs et des investisseurs intéressés par notre concept, pour valoriser notre vision de logements engagés.