HABITAT
HABITAT PARTICIPATIF, UNE ORIGINALITÉ QUI POURRAIT BIEN DEVENIR LA NORME !
19 décembre 2023
Et si l’habitat participatif devenait une alternative sérieuse au mode de logement traditionnel ? Demain, tous sous le même toit, c’est possible ? En tout cas, en Europe, les exemples ne manquent pas. En Suisse, les logements collaboratifs représentent 5 % du parc immobilier ; en Allemagne, 12,2 millions de logements et 5 millions d’habitants. Il existe aujourd’hui plus de mille habitats participatifs en France, et le nombre de projets se chiffre à plusieurs centaines, en dépit de toutes les difficultés de mise en place. La preuve que ce mode de vie attire. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Le marché de l’habitat participatif en france Dans l’hexagone, les projets d’habitat participatifs représentent : – + 600 projets (5 000 à 7 000 logements) – 170 projets aboutis (1 400 logements) – 280 en phase d’études ou de construction – Une croissance de 13% ces dernières années Qu’est-ce que l’habitat participatif ? Un logement partagé c’est d’abord un projet porté par un groupe de personnes. Ensemble, ils décident de concevoir et créer un habitat en commun qui s’adapte exactement à leurs besoins. La plupart du temps, ils partent de zéro. Difficile, en effet, de trouver un ou des bâtiments existants qui s’adaptent exactement aux exigences de chacun ! Mais il arrive parfois de bonnes surprises. Par exemple, en Belgique où un corps de ferme a été transformé en cette forme de co-résidence. A l’origine des habitats participatifs, il y a d’abord un groupe de personnes : des familles ou des célibataires, des parents solos ou des seniors, des urbains qui veulent rester en ville, rêvent de vie à la campagne ou veulent plus d’espace… Les profils sont aussi divers que variés ! Mais ils ont un point commun : la volonté de prendre en main leur habitat. Refusant l’idée de s’enfermer dans des appartements ou des maisons individuelles, ils se rassemblent en groupe pour concevoir, créer et gérer leur logement. Ce dernier allie des espaces privatifs pour chaque famille : un appartement avec chambres, salle de bains, cuisine, pièce à vivre, plus ou moins grandes, voire plus petits que la moyenne… Au profit de larges espaces communs, afin de développer une forme de communauté d’habitants. L’objectif est de créer le logement qui corresponde aux aspirations de chacun, tout en maintenant les valeurs du partage et du vivre ensemble. Les raisons du succès 1. La hausse des prix des loyers Au deuxième trimestre 2023, le marché enregistre une hausse de 6,13 % sur un an (INSEE). Une tendance qui s’intensifie depuis 2018. 2. Faciliter les relations humaines Les habitants qui décident de vivre ensemble acceptent notamment de consacrer une partie de leur temps et de leur énergie au service de la communauté. C’est ainsi que fonctionne la maison des Babayagas de Montreuil. Les habitantes, puisqu’il s’agit de femmes retraitées, s’engagent à dédier une partie de leur temps libre à la vie de la maison et du quartier, en fonction de leurs compétences et de leurs affinités. D’une manière générale, quelle que soit la forme de l’habitat, l’aspect participatif est bien présent, ne serait-ce que pour prendre les décisions concernant le logement ou les parties communes. Et cela se fait d’autant plus naturellement que ces logements ont prévu et organisé des espaces communs : jardin, local à vélo, salle commune, salle de jeux pour les enfants, voire cave à vins commune… soit autant d’occasions de se retrouver entre voisins. 3. Des facilités administratives Côté législation, la loi ALUR de 2014 apporte un encadrement juridique. Les porteurs d’un projet de d’habitat participatif peuvent décider de s’unir en une coopérative d’habitants ou d’une société d’attribution et d’autopromotion. Ils doivent acquérir des parts de ces sociétés d’habitat participatif. Les associés participent à la conception et aux décisions relatives à l’acquisition, à la construction de l’immeuble puis à sa gestion. Elles sont responsables de l’achèvement de l’immeuble construit. Elles garantissent aux associés la jouissance des logements. La loi ALUR permet notamment d’admettre comme associés des personnes morales et notamment des organismes de logement social. Elle limite la responsabilité des associés à leur apport dans le capital. Les locataires non associés, eux, doivent signer une charte fixant les règles de fonctionnement de l’immeuble. Celle-ci est annexée à leur contrat de bail, notamment les règles concernant les lieux de vie collective. Pour éviter toute spéculation, le prix de cession des parts sociales est limité à leur montant nominal majoré sur l’indice de référence des loyers (IRL). Les sorties de la société sont encadrées afin de sécuriser l’équilibre financier de la société. Enfin les associés coopérateurs paient une redevance, pour rembourser l’emprunt contracté par la société pour la construction de l’immeuble. Lors de la phase de construction ou de rénovation du projet immobilier ou lors de travaux de réhabilitation du bâti, certains associés peuvent apporter leurs compétences. Ils souscrivent alors des parts sociales en industrie. Elles correspondent à un apport travail lors de la phase de construction ou de rénovation du projet immobilier ou lors de travaux de réhabilitation du bâti. Ces parts font partie de la formation du capital social. Selon Habitat Participatif France, l’habitat participatif a commencé à prendre pied en France au début des années 2000. L’essor véritable date de 2014. En 2021, on recensait 2 900 habitats partagés recensés. Le nombre réel serait supérieur de 30% estime Habitat Participatif France. Chaque année, 300 logements sont livrés, tandis qu’une centaine de projets démarre. Le nombre de projets augmente sans cesse. Selon l’association, près de 15 000 logements pourraient voir le jour d’ici 2030. En moyenne, 2 400 nouveaux logements sont livrés chaque année. 4. Une loi favorable à l’habitat à plusieurs Cela ne doit pas vous rebuter. Le logement dit groupé a bonne réputation. Même le législateur cherche à le favoriser. Depuis 2014, la loi ALUR permet la mise en place de : sociétés d’autopromotion dont l’objectif est de construire ou acheter un bien immobilier selon des aspirations communes (environnementales, sociales, économiques) pour le partager entre différents propriétaires ; coopératives d’habitants dont l’objectif est de gérer collectivement l’immeuble ou le terrain occupé conjointement et d’accorder la jouissance des logements et des espaces communs, de la construction, l’acquisition, la rénovation, la gestion et de l’entretien. 5. La forte tendance du développement durable Si créer un habitat de ce type peut relever du parcours du combattant, cela en vaut pourtant la peine vu les avantages que vous en tirerez : un logement qui correspond exactement à vos besoins et à votre style de vie ; respectueux de l’environnement en utilisant des matériaux de construction locaux et des énergies renouvelables ; et aussi incroyable que cela paraisse, c’est un modèle de logement économique. La mutualisation du coût d’achat et de construction vous permet d’économiser en moyenne 30% par rapport au marché. Vous évitez la marge du promoteur. Avec les parties communes (jardin, buanderie, garage, ou encore salle commune ou salle de jeux…) vous gagnez en espace tout en réduisant le coût de votre logement. En décidant ensemble de la gestion de la cohabitation, vous vous passez d’un syndic de copropriété. Et bien sûr, vous disposez de votre espace mais restez ouvert sur la vie en communauté et sur les autres. Et cela reste une expérience humaine unique, comme le raconte une jeune femme vivant dans une résidence commune à Lille : “j’ai l’impression de me saisir d’un bout de la ville, d’y mettre ma pierre.» Une belle façon de réinventer son logement ! Une alternative au logement traditionnel marquée par de nombreuses défis S’accorder sur un projet commun Des atouts environnementaux et sociaux, un encadrement législatif, des économies non négligeables aussi bien comme investissement que dans la gestion du bien. Et pourtant, il n’y a encore que peu de projets en cours. Pourquoi ? La complexité du projet peut en rebuter certains. D’une part, vous devrez trouver d’autres personnes qui non seulement veulent se lancer dans l’habitat participatif, mais ont des critères compatibles avec les vôtres. Rien que cela peut représenter un défi. Les besoins ne seront pas les mêmes si vous cherchez à lancer une activité artisanale ou agricole, ou si vous souhaitez rester en ville. N’oubliez pas que l’habitat participatif est un véritable projet de vie. Le collectif ToitMoiNous à Villeneuve d’Ascq a dû apprendre à travailler ensemble pour concevoir l’architecture du futur habitat et les règles de vie inhérentes. Vous devrez ensuite définir le lieu d’implantation de l’habitat, en fonction des critères qui sont fondamentaux pour l’ensemble du groupe. Cela vous donne déjà un premier aperçu de l’aventure que représente l’habitation participative : savoir ce que l’on recherche à travers ce projet, et discuter, échanger beaucoup. Ne croyez pas que les désaccords signent forcément la fin du projet. Mais parler, et faire parler l’intelligence collective permet de résoudre de nombreux problèmes et, encore mieux, de réfléchir sur des points que vous n’auriez pas abordés seul. Une fois le projet défini, n’hésitez pas à vous organiser en collectif, voire en société d’habitat participatif, afin que chacun devienne associé et ait voix au chapitre. N’hésitez pas non plus à solliciter des experts qui peuvent vous accompagner au cours de cette aventure. Trouver le graal … c’est-à-dire le lieu Selon les régions, les villes, le lieu sera plus ou moins difficile à trouver. Si vous cherchez en Île-de-France par exemple, les terrains à bâtir sont devenus une denrée rare et chère. Mais l’est de la région offre encore des possibilités. N’hésitez pas à répartir la recherche entre les membres du groupe afin de trouver le lieu qui vous conviendra à tous. Où chercher ? Les possibilités ne manquent pas : Sur les plateformes dédiées : par exemple, Habitat Participatif France recense tous les projets, notamment des groupes qui ne sont pas encore complets Dans les agences immobilières : renseignez-vous auprès des communes qui vous intéressent sur les projets d’aménagement en cours, les terrains et biens en voie de mutation à court ou moyen terme Faites de la prospection de terrain : interrogez le voisinage afin de mieux connaître la situation. N’hésitez pas à en parler autour de vous. En immobilier, le bouche-à-oreille fonctionne très bien ! Prendre en compte les spécificités du bien Une fois le terrain trouvé, l’étude du PLU, le Plan Local d’Urbanisme de la commune permet d’évaluer sa capacité foncière. Celle-ci permet de définir, selon le prix du terrain et le nombre de mètre carrés constructibles, la viabilité du projet et son équilibre économique. Qu’en est-il si le projet s’oriente vers la rénovation d’un immeuble ou d’un bâtiment existant ? Partant de l’existant, les travaux devraient être plus rapides. En effet, pour une construction et un raccord aux réseaux, il faut parfois compter jusqu’à 4 ou 5 ans d’attente. Dans le cadre d’une rénovation, vous ne partez pas de zéro. Le bâtiment est relié aux réseaux d’eau, d’électricité… Les travaux de réhabilitation et d’aménagement peuvent cependant être difficiles et coûteux. Il faut tenir compte de l’état du bâtiment, de la surface habitable potentielle – est-elle suffisante ? – des spécificités du bâtiment – est-il soumis à des règles patrimoniales ? Des règles d’urbanisme particulières s’appliquent-elles ? Si vous trouvez un bien prometteur, n’attendez pas. Faites déjà une première visite à plusieurs pour savoir si cela correspond à vos critères. N’hésitez pas ensuite à organiser une deuxième visite avec l’ensemble des participants et un expert, et toutes les compétences disponibles pour éviter toute mauvaise surprise et certifier la faisabilité du projet. Si le lieu convient à tous, que toutes les études de faisabilité ont été réalisées, c’est alors le moment de négocier et d’acheter. La création d’une société d’habitat participatif prend alors tout son sens. Elle se chargera, au nom des associés, de négocier et réaliser l’acquisition. Bien sûr, tout semble simple sur le papier, mais comme pour n’importe quelle opération immobilière, il y a souvent des imprévus, des négociations, des expertises en plus à réaliser. Enfin une fois la vente conclue, vous rentrez dans le vif du sujet. Maintenir la cohésion du groupe dans la durée Un projet d’habitat coopératif vit grâce au groupe et aux membres qui le composent. C’est peut-être le plus grand défi à relever, mais aussi le plus passionnant : maintenir la cohésion du groupe, pendant la phase des travaux et surtout après ! Vous devrez rapidement vous accorder sur la gestion de l’habitat participatif, établir les règles de vie dans les espaces communs et sur tout ce qui fait la vie d’une communauté. Ainsi, si les espaces communs comprennent une chambre d’amis ou une salle commune, quels sont les usages ? Comment peuvent-elles être utilisées ? Comment exploiter le jardin s’il y en a un ? Quel temps chacun doit-il dédier à la vie de l’habitat, à son entretien ? Selon quelles règles ? Et comment parvenir à trouver des processus viables pour répondre à toutes les questions qui se posent ? Un mode de fonctionnement fondé sur la solidarité La réalisatrice Josyane Zardoya en a fait le sujet de son documentaire « Rue de l’Utopie ». Dans cet habitat participatif de la région de Toulouse, la communauté fonctionne, notamment en utilisant la communication non violente, remarque-t-elle. « Assez classiquement, il y a un président de séance et quelqu’un qui prend des notes. Mais surtout ils font tourner la parole. Ils insistent beaucoup là-dessus : chacun doit s’exprimer (…) Celui qui n’est pas d’accord doit expliquer pourquoi et ce qu’il aurait voulu. Au bout d’une ou deux réunions, les positions des uns et des autres ont évolué. C’est très efficace. Parfois, selon les sujets, ils décident simplement de laisser la question de côté pour en reparler plus tard. Lorsque le sujet est vraiment épineux, ils font appel à un médiateur extérieur. » Et sur la prise de décision collective La plupart du temps, avant même de s’installer ensemble, les associés ont déjà mis en place des règles de gouvernance partagée. « C’est un processus très long qui peut durer de 4 à 15 ans. Avant même la construction, il n’est pas rare de passer 5 à 6 ans en réunion. Avant que cet habitat partagé ne voit le jour, il y a eu 4 ans de réunions… Tout ce temps passé à discuter et à chercher, cela permet de se rencontrer et de bien se connaître avant même d’acheter et de construire. On discute de la conception du projet, de la salle commune, de la taille de la buanderie, du jardin… Et comme dans une colocation, il faut instaurer un minimum de règles sur lesquelles on s’entend. Il faut être à l’écoute, partir sur les mêmes bases, avoir une charte de départ que tout le monde signe. » Certains habitats participatifs ont un fonctionnement éprouvé. Dans la maison des Babayagas de Montreuil, où vivent des femmes retraitées à faibles revenus, chaque résidente s’engage à donner 10 h hebdomadaires au service de la collectivité. Ce mode de fonctionnement leur permet d’organiser des événements et des activités de quartier, et d’éviter de vivre coupées de la société. L’habitat participatif ou réinventer l’art de vivre ensemble D’une manière générale, tous les habitats participatifs qui voient le jour et qui perdurent – et il y en a beaucoup – ont demandé du temps, de l’implication, des efforts et de la résilience à ceux qui se sont lancés dans cette passionnante aventure. Mais le résultat en vaut la peine : c’est le fruit de la solidarité et de la confiance que se témoignent les participants, ainsi que de l’intelligence collective. Puisqu’il est bien connu qu’à plusieurs, on réfléchit mieux et l’on peut trouver des solutions plus innovantes. Mais cela suppose « la capacité à débattre, à s’asseoir autour d’une table, conscients de la richesse que représente la diversité d’opinions, de cultures et d’âge » rappelle la philosophe Marie Robert. Un petit effort pour un grand enjeu, insiste-t-elle : « l’avenir de notre société dépend du temps que nous passerons ensemble à nous connaître pour peut-être un jour croire que le collectif peut redevenir intelligent ». Développer l’habitat participatif, oui mais avec quelles solutions ? Fred Colantonio, consultant spécialiste de l’accompagnement des entreprises dans l’innovation et la transformation, estime que l’habitat collaboratif fait bouger les lignes. « Comment des gens vont consentir à se reloger dans un espace plus petit, partager des lieux de vie et de réduire leur propriété ? L’habitat participatif, c’est génial comme idée, de même que la colocation, la communauté… Mais il y a peu de gens qui a priori vont oser se lancer vraiment. » C’est la raison pour laquelle on peut envisager l’habitat participatif comme une forme d’innovation. « L’important dans l’innovation, c’est moins l’idée que la manière dont on la teste et dont on va aider la société à s’en emparer. » Fred Colantonio le remarque : de nombreuses innovations, du four à micro-ondes au smartphone, ne représentaient pas une nécessité vitale. Et pourtant, aujourd’hui il est difficile de s’en passer : « on nous a appâté sur une appétence comportementale. Je pourrais faire sans mais j’y trouve un intérêt. » Il en va de même pour l’habitat participatif. Face aux innovations, il y a dans la société, un petit pourcentage de personnes qui se lancent dans le projet dès le départ et semblent transgresser les habitudes. A l’autre bout, il y aura toujours environs 15% des gens que vous ne réussirez jamais à convaincre et qui resteront fermement ancrés sur leurs positions. C’est la population située entre ces deux extrêmes qu’il faut convaincre, explique Fred Colantonio. Pour cela, l’habitat collaboratif doit combattre les suppositions, pour éviter de crisper les relations. Il faut être très factuel, trouver les intersections qui permettent aux gens de s’emparer de l’idée. Par exemple en essaimant des idées du type vous avez été scout ? Vous savez, c’était déjà de l’habitat partagé. Il faut créer de l’inclusion pour que les gens s’emparent du projet et se sentent concernés.
CES COUPLES SÉPARÉS QUI VIVENT ENSEMBLE
21 novembre 2023
Séparés mais vivre – encore – ensemble ? C’est le principe du “Living together apart” ou LTA qui désigne ces couples séparés qui n’ont pas les moyens de se quitter. Mise en scène avec humour au cinéma (Sous le même toit de Dominique Farrugia, L’amour flou de Romane Bohringer), cette cohabitation forcée se révèle, dans la réalité, pesante à vivre. Couples séparés mais ensemble, un phénomène connu depuis longtemps Il n’existe pas de chiffres concernant ces couples séparés forcés de rester co-locataires. La situation est cependant suffisamment répandue pour que des scientifiques s’y intéressent. Le phénomène serait apparu aux Etats-Unis, à la suite de la crise des subprime en 2008. Mais des sociologues anglais ont ainsi remarqué qu’il s’est accru ces dernières années. Habiter avec son ex n’a pourtant rien de nouveau : autrefois, on restait ensemble par nécessité de respecter les apparences et les conventions sociales, sans oublier que le foyer vivait la plupart du temps avec un seul revenu. Aujourd’hui, la séparation est devenue monnaie courante : en France, entre 2009 et 2012, en moyenne, 253 000 couples se sont séparés chaque année. Entre 1993 et 1996, on en comptait 155 000. La proportion d’ex-couples contraints de vivre ensemble est vraisemblablement plus faible qu’autrefois, mais n’a pas disparue. Une cohabitation forcée pour raisons financières… Selon une récente étude du sociologue Milan Bouchet-Valat, le niveau de vie d’un couple – qu’il soit marié, pacsé ou en concubinage – est 1,5 fois plus élevé que celui de deux célibataires : « Partager le même logement, le même mobilier, la même télévision et ne payer qu’une seule fois les impôts locaux… Autant de gagné par rapport à une vie en solo ». Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que nombre de couples séparés hésitent à passer concrètement à l’action. En effet, les familles monoparentales représentent 34,8% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté en 2016. Une situation particulièrement violente pour les femmes : une étude menée par l’INSEE et l’INED d’après les chiffres de l’administration fiscale montre que le niveau de vie des femmes ayant divorcé en 2009 a baissé en moyenne de 20 % un an après la séparation, contre 3 % pour les hommes (et 35 % d’entre eux se sont mêmes enrichis !) Les femmes plus durement touchées Être mère, d’une façon générale, fragilise la vie professionnelle. En France, les femmes en couple gagnent aujourd’hui 42 % de moins en moyenne que leur conjoint selon l’INSEE. La raison ? Ce sont elles qui acceptent les plus importants sacrifices professionnels pour s’occuper des enfants : temps partiel, refus des heures supplémentaires, interruptions d’activité, etc. Des sacrifices qui perdurent bien sûr après la séparation lorsque les mères ont la garde des enfants. La précarité est donc le lot des mères séparées qui représentent 85% des familles monoparentales. Et elle s’accentue au moment de solder les comptes de l’ensemble de la carrière et de calculer les droits à la retraite. En termes de compensation, la garde alternée qui fait reposer la charge économique des enfants de façon plus équitable sur les deux parents n’est prononcée que dans 16% des cas. Le poids de la peur Peur de l’appauvrissement, risque économiques liés à une séparation, crainte des conséquences psychologique pour les enfants… La peur plane quand il est question de séparation. Aussi des couples séparés choisissent de continuer à vivre “malheureux ensemble” comme l’explique Jacques : « Nous faisons chambre à part depuis pratiquement dix ans. Et pourtant nous quitter est difficile pour mille raisons. Les enfants, tout d’abord. Nous aurions dû le faire il y a plus de dix ans, avant la naissance du dernier. Aujourd’hui, on a un peu l’impression qu’il faut attendre que les enfants soient grands, indépendants. On craint que cela soit encore pire séparés… Il y a aussi la peur de l’appauvrissement. Le divorce est un grand saut dans la précarité… Nous avons eu peur du futur, de perdre notre niveau de vie, peut-être même de devenir pauvre. Mais parfois, je pense que l’essentiel n’est pas là. Nous restons ensemble, car nous avons par habitude construit cette dépendance. De son côté, Pascale, une enseignante de 38 ans, mère d’une fille de 10 ans, craint les conséquences. « Si je pense régulièrement au divorce, je l’associe aussi immédiatement à tout ce que j’entends, que je lis sur les enfants du divorce. Comment pourrais-je être assez égoïste pour faire l’impasse sur ces discours qui nous dépeignent le désastre qu’il provoque sur les enfants qui souffrent, échouent à l’école, se mettent à se droguer ou, pire, qui se suicident ? Non, vraiment, prendre une telle décision est restée au-dessus de mes forces, malgré la tristesse de notre vie de famille ». Une cohabitation d’un nouveau genre D’autres en revanche s’accommodent bien de cette cohabitation avec leur ex-conjoint. Comme Ghalya, intermittente du spectacle de 41 ans : “Notre vie est simple, apaisée. J’ai même gagné en temps pour moi, je sors davantage qu’avant. En couple, on se freinait car ça coûtait cher en baby-sitter ; maintenant, on fait des tours de garde. On a maintenu un peu de vie à quatre : grillades, soirées gaufres le week-end…”. Sylviane, 53 ans, profession libérale, reconnaît qu’après avoir “donné dans la mesquinerie la plus navrante”, sa cohabitation forcée avec son ex-mari a complètement changée lorsqu’elle est tombée malade. « Opération, chimio… Eh bien, c’est cet homme que je ne pouvais plus voir en peinture qui m’a tenu le front quand je vomissais, c’est lui qui, quand la peur m’étranglait, m’a dit : «Tu ne vas pas mourir, tu verras nos filles grandir », c’est lui qui a massé mon corps gonflé d’œdèmes… Qu’il soit « à domicile » m’a aidée à faire face, il a été ma béquille. Il est devenu mon meilleur ami, « mon divorcé ». On a continué à faire toit commun, car nos affaires restent dans un équilibre précaire et, surtout, on s’entraide en cas de pépin.” La colocation choisie, une alternative à la cohabitation forcée Alors autant choisir la co-location. Lorsque ce n’est pas la colocation qui vous choisit. Matthieu et ses colocataires ont accueilli “une jeune mère célibataire avec sa fille de 2 ans. On l’a fait pour sa fille, pour qu’elle ait la chance de grandir dans ce lieu. Ça implique de ranger plus et ça questionne certaines de nos habitudes ! Mais on avait envie d’ouverture, de ne pas rester entre nous” Non seulement, vivre en colocation permet aux familles monoparentales de partager le loyer et les factures de chauffage, d’électricité, d’internet, les charges… Mais aussi de ne pas rester seul à tourner en rond, à broyer du noir après une journée difficile ou une audience chez le juge. Sans oublier qu’une colocation offre plus d’espace. Parents comme enfants peuvent y trouver leur place. Et en cas de co-location entre familles monoparentales, les parents peuvent s’organiser ou du moins se partager les frais de baby-sitting. Bien sûr, cela ne s’improvise pas. La co-location, ce sont d’abord des règles établies tous ensemble que chacun s’engage à respecter. Et surtout si vous emménagez avec une autre famille monoparentale : avoir le même style d’éducation et de règles à imposer aux enfants permet de gérer beaucoup plus facilement le quotidien. Cela évite les disputes entre enfants qui dégénèrent ensuite en disputes entre parents. Bref ce qui fait la différence entre une colocation sereine et agréable, c’est de permettre aux familles monoparentales de se choisir pour vivre ensemble. C’était d’ailleurs l’une des propositions de Cooloc lors du récent Grand Débat. Comme l’a fait la loi Elan pour la colocation intergénérationnelle, il faudrait aller plus loin dans l’encadrement de la co-location entre familles monoparentales ! Le moyen de mettre en lumière une colocation choisie et non plus subie.
HYPER TENDANCE : SENIOR EN COLOCATION
10 mars 2023
Senior en colocation : une situation de plus en plus courante aujourd’hui et qui n’est pas prête de s’éteindre. La pandémie, contrairement aux craintes, n’a pas freiné le mouvement. En 2019, le nombre de colocations de seniors aurait augmenté de 30% dans les grandes villes. Plus de 7 000 membres de COOLOC ont plus de 60 ans. Senior au XXI° ou comment continuer à profiter de la vie Être senior n’est pas synonyme de renoncement ou de laisser aller. En France, 70% des plus de 65 ans n’ont aucun problème avec leur âge. Mieux encore : 67% se disent épanouis, selon une étude de 2020 réalisée pour la fondation Korian. Les seniors, qu’on se le dise, sont autonomes et actifs. Et ils comptent bien le rester. L’EHPAD n’est pas une option pour eux. Cependant, vieillir n’est pas un long fleuve tranquille. Avec l’âge et les petits maux de la vieillesse, les seniors appréhendent la solitude et l’isolement. Leurs enfants sont partis, ils se retrouvent seuls parfois dans un logement trop grand. La dépendance, la perte d’autonomie deviennent des préoccupations majeures … auxquelles la colocation, sous ses différentes formes, apporte des réponses. Quels sont les avantages de la colocation pour les seniors ? Lutter contre l’isolement C’est un motif de crainte, mais aussi un besoin humain : le lien. Une étude de Harvard montre que vivre entouré permet de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Les octogénaires les plus heureux et les plus en forme, physiquement et mentalement, sont aussi ceux qui ont été et sont les plus connectés socialement à leur famille, leurs amis, leur communauté. Pouvoir rester chez soi Pour autant, rompre l’isolement ne doit pas forcément signifier renoncer à son cadre de vie. Certains seniors mettent en place des colocations chez eux justement parce qu’ils ont de l’espace. Ils peuvent ainsi rester chez eux, développer leur sociabilité. C’est le cas de Jean, le doyen de COOLOC pour qui il est hors de question de quitter sa maison, sa campagne, ses animaux et de renoncer à la visite de ses copains. Depuis 2018, il accueille donc des colocataires, amateurs de tranquillité, de vie à la campagne, mais aussi de foot et de bonne cuisine. Limiter les risques Personne n’est à l’abri d’une chute ou d’un accident. Et les seniors sont particulièrement concernés. Le fait d’avoir une présence à la maison – comme c’est souvent le cas en colocation – est sécurisant en cas de besoin ou d’intervention rapide. C’est aussi rassurant pour les familles de savoir que les seniors ne font pas face seuls aux aléas de tous les jours. Vivre à plusieurs permet d’alléger les charges du quotidien : sortir les poubelles, préparer les repas et faire les courses, s’occuper des tâches ménagères … Enfin, les personnes âgées sont souvent victimes de cambriolage. Vivre à plusieurs rassure tout le monde et décourage les voleurs. Une source d’économie C’est le nerf de la guerre. Beaucoup de colocataires de tous âges choisissent de vivre ensemble pour des raisons économiques. Les seniors n’échappent pas à la règle. Ceux qui disposent d’un grand logement peuvent ainsi améliorer leurs revenus et diviser leurs charges. Ceux qui vivent dans un petit logement peu commode accèdent, avec la colocation, à plus d’espace … en plus d’une vie sociale renforcée. En vivant dans un logement en mauvais état, on n’ose rarement inviter des gens chez soi. Et progressivement, les liens se distendent. La colocation permet de remédier au problème. Ce n’est donc pas un hasard si les colocations de seniors se multiplient en France et en Europe. Et, en la matière, tout est possible. Senior et jeunes : une nouvelle façon de vivre ensemble « Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé » disait Groucho Marx. La colocation intergénérationnelle permet ainsi de redonner un peu de jeunesse aux seniors … tout en permettant aux étudiants ou à de jeunes actifs de vivre une expérience humaine épanouissante, en plus de payer un loyer abordable. C’est ainsi qu’à Saint-Etienne, vient d’ouvrir Amicis , une villa datant des années 1900 en plein centre-ville, aménagée pour accueillir des étudiants et des seniors. A l’origine de ce projet, deux couples d’amis qui souhaitent lutter contre l’isolement des seniors.“Nous nous sommes aperçus que nos enfants rencontraient des difficultés à trouver leur premier logement. Et nos parents commençaient à réfléchir à leur avenir expliquent les cofondateurs. Donc nous avons imaginé ce concept novateur qui permet à toutes les générations de s’épanouir pleinement” La maison de 750 m2 a donc été réaménagée en une douzaine de logements. Des studios accueillent les jeunes colocataires, tandis que les seniors logent dans des appartements de 30 à 55 m2. La maison compte également 200 m2 d’espaces communs : cuisine, salle de sport, buanderie, et même deux salons. Pour gérer le quotidien, Nana, qui vit au rez-de chaussée avec ses 3 enfants, s’occupe des repas, de l’entretien et accompagne les seniors dans leurs démarches administratives. Elle organise même des animations pour l’ensemble des résidents. Des colocations gérées par les seniors eux-mêmes Puisque l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, certains seniors organisent leur propre colocation. C’est le cas de la maison des Babayagas à Montreuil. Dans cette « anti-maison de retraite », les colocataires sont des femmes retraitées aux faibles revenus. Chacune s’engage à donner 10 heures par semaine au service de la collectivité. Elles organisent événements et rencontres au point que la maison est devenue une référence dans le quartier. D’autres se tournent vers l’habitat participatif. A Montauban, une dizaine de femmes âgées de 67 à 84 ans qui partagent déjà de nombreuses activités, refusent de vieillir seules ou en EHPAD. Ensemble, elles travaillent à monter un projet leur permettant de vivre ensemble, mais chacune dans son logement. Partager une vie de famille Un autre type de cohabitation avec les anciens est en train de voir le jour. Le projet de Florence et Pierre-Alexandre avec leurs deux enfants de 11 et 8 ans est d’accueillir dans leur grande maison de Sailly-lez-Lannoy, une commune du nord de la France, six seniors résidents. L’objectif : prévenir le vieillissement et leur permettre de maintenir leur autonomie dans le temps. Un projet innovant ? Pas tant que cela. Auparavant, les générations vivaient ensemble. Aujourd’hui, l’éloignement des familles, la configuration des appartements favorise l’isolement des anciens. Florence Rouvillain, à l’origine du projet s’est lancée suite à un constat simple : l’un des premiers facteurs de la perte d’autonomie est l’isolement social. Elle s’est donc formée à la prévention du vieillissement et la perte d’autonomie : « Le fait de vivre seul fait perdre le rythme de vie, et même l’envie. Le vieillissement ne doit pas être vécu comme une fatalité, mais il doit s’entretenir ». Elle se propose donc de partager sa vie de famille avec les résidents. Quelques services sont proposés : démarches administratives, conduite, ménage… Les colocataires doivent cependant être autonomes – la structure n’est pas médicalisée – et surtout, insiste Florence, ils doivent « avoir envie de partager un quotidien dans une petite collectivité. » Pourriez-vous mettre en place une colocation de seniors ? Si vous avez de l’espace, pourquoi ne pas lancer, vous aussi, une colocation de seniors ? Aucune différence avec une colocation classique sauf au niveau du confort : les seniors ont tendance à être plus exigeants. Il peut aussi être utile de prévoir certains aménagements (barres dans la salle de bain, ou grande douche par exemple). Un investissement supplémentaire certes. Mais contrairement aux étudiants ou aux jeunes actifs, les colocataires seniors qui se sentent bien chez vous resteront longtemps. Comment trouver vos colocataires ? Facile, ils sont sur COOLOC ! Vous pourrez aussi vérifier qu’ils s’entendent bien ensemble … et avec vous. Ensuite, il vous faudra mettre en place un pacte de colocation que chacun s’engage à respecter afin d’assurer l’harmonie de la colocation et favoriser le vivre ensemble. Seule inconnue, auriez-vous intérêt à proposer une location meublée ou nue ? Dans le deuxième cas, les seniors peuvent venir avec leurs propres meubles. Tout dépend des colocataires que vous accueillerez, et cela, c’est une autre histoire à vivre ensemble !
L’ART DE LA RENCONTRE
30 janvier 2023
La rencontre est-elle un art ? Philosophes, penseurs et voyageurs sont d’accord : la vraie rencontre, qu’elle soit amicale, affective, artistique, celle qui vous transforme profondément, n’est pas courante. Mais elle vous permet de vous sentir vivant ! Une rencontre avec l’autre : un bouleversement Ce n’est pas un hasard si la rencontre intrigue et inspire les penseurs. Le philosophe Charles Pépin lui a consacré un livre, La rencontre, une philosophie. Avant lui, les philosophes Emmanuel Levinas, Jean-Paul Sartre ou encore Maurice Merleau-Ponty y réfléchissaient déjà. Pourquoi cet intérêt ? Parce que, explique Charles Pépin, « rencontrer quelqu’un, c’est être bousculé, troublé. Quelque chose se produit, que nous n’avons pas choisi, qui nous prend par surprise : c’est le choc de la rencontre. Le mot rencontre vient du vieux français encontre qui exprime le fait de heurter quelqu’un sur son chemin. Il renvoie donc à un choc avec l’altérité : deux êtres entrent en contact, se heurtent et voient leurs trajectoires modifiées. » Jean-Paul Sartre, lui, parle d’un bouleversement, qui nous sort de notre intériorité. Nous ne sommes plus au centre des choses. Quelqu’un d’autre nous force à adopter un autre regard. La rencontre avec l’altérité Une expérience que Raphaëlle Gasse a vécu au cours de ses multiples voyages. Aujourd’hui installée en Zambie, elle accompagne entrepreneurs et particuliers en quête de changement personnel et professionnel à travers son programme « Graines de baobab » et son site Wanderfull. Avant cela, elle a vécu à Paris, Montréal, New York, réalisé de multiples voyages en Asie et traversé le Pacifique à la voile. Autant d’occasions de rencontres qui ont révélé en elle sa « capacité à questionner ses certitudes ». La rencontre, pour elle, c’est d’abord « une capacité infinie à être émerveillé par l’être humain en face de soi, qui nous apprend, nous donne. Il y a beaucoup à apprendre de cette capacité à recevoir et à échanger. » Une définition que ne renierait pas Emmanuel Levinas. Le philosophe rappelle que la vraie rencontre nous force à nous rendre compte que nous ne sommes pas au centre du monde. « La rencontre d’autrui est d’emblée ma responsabilité pour lui » (Entre nous). Ce qui signifie que l’autre prend une place inattendue au point que ce qui lui arrive nous concerne directement. Nous sortons de notre indifférence et prenons en compte l’autre avec souci et attention… et vice versa. A l’heure des applis de rencontre Aussi la rencontre est un phénomène exceptionnel. Mais est-ce toujours le cas à l’heure des applis qui la transforment en un acte banal, à portée de swip ? « Qu’est-ce qui ravit les consommateurs de telles rencontres ? » s’interroge la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury-Perkins. « Souvent, l’idée même de rencontre. Après la rencontre, il n’y aura pas de récit de la rencontre mais une autre rencontre, à moins que ce ne soit une autre rencontre encore. » Elle parle même de «semblant de rencontre …(qui) produit le sentiment inverse, un peu plus d’errance.» Les craintes face à l’autre Serait-ce un moyen de se protéger ? La rencontre, c’est aussi aller vers l’autre, celui qu’on ne connait pas qui est différent. Une altérité mise à mal dans les médias constate Raphaëlle. « La peur de l’Autre y est omniprésente. Cela nous monte les uns contre les autres. Or pour moi, la rencontre, c’est le contraire de la peur, c’est la confiance en l’autre et la confiance en soi.» La peur de l’autre peut aussi cacher une autre crainte : la responsabilité indique Charles Pépin. « Notre responsabilité commence dès que nous engageons la conversation avec l’autre. La question la plus anodine peut contenir une demande plus grande. Nous comprenons mieux parfois pourquoi nous préférons ne pas répondre à un SDF et ne laisser aucune chance à la rencontre : ainsi nous ne nous sentirons pas responsables de lui. Coupables, peut-être, d’avoir ainsi poursuivi notre route, tête baissée, sans un regard pour lui. Mais pas responsable de son sort. » Une limite que nous nous imposons à tort, témoigne Raphaëlle. « Chaque jugement préconçu que j’avais sur une culture ou une personne a toujours été à côté de la plaque. La vraie rencontre ne réside donc pas dans le fait de surmonter sa peur d’aller vers l’autre, mais d’aller questionner cette peur et aller généreusement dans la réception et le don, me semble-t-il. » « Mes voyages m’ont fait faire des rencontres extraordinaires avec des locaux ou des touristes. Des contacts que j’ai conservés avec le temps. Je suis encore en lien avec des gens que j’ai rencontrés en Polynésie, en Asie, en Afrique, au Canada, dans des trains, sur des bateaux… » La rencontre au-delà de l’humain La rencontre ne concerne pas pour autant que les être humains. La rencontre peut avoir lieu avec un œuvre d’art, un lieu… C’est ce qu’a vécu Raphaëlle lors de son premier séjour en Zambie. « J’étais venue en Zambie initialement pour tourner un documentaire. Dès le premier jour, j’ai ressenti quelque chose plus grand que moi… Peut-être parce que l’Afrique est le berceau de l’humanité. Je me souviens m’être dit cette terre m’appelle. Cette terre rouge et hyper accueillante semblait dire c’est de là que tu viens. Et aujourd’hui, j’ai vraiment l’impression d’être là où je dois être ». Les conditions sine qua non Pour autant, la rencontre ne se décrète pas. Elle se prépare. C’est ainsi que Raphaëlle a privilégié les voyages seule, sac au dos. « Quand tu voyages en solitaire, tu es plus ouvert à la rencontre. Les gens viennent beaucoup plus facilement vers toi que quand tu voyages à deux, en famille ou en groupe. Tu es beaucoup plus dans l’observation. » « Ce n’est pas pour rencontrer les autres qu’il faut sortir de chez soi, mais pour se rendre disponible à la rencontre, insiste Charles Pépin. Une autre condition est nécessaire selon le philosophe. Il faut être capable de prendre son temps, de le perdre aussi, de s’arracher à la dictature des choses à faire, à la pression de l’urgence… A l’âge adulte, … nous n’avons plus de temps « à perdre ». Mais avec toi je me révèle dispendieux, en discutant de tout et de rien, en flânant, « en traînant », je me donne le loisir de te rencontrer. » Être ouvert à l’échange Reprendre le contrôle de notre temps ? Une nécessité, qui pourtant nous échappe souvent. « Dès que nous avons une minute de libre, nous prenons notre téléphone pour scroller. Nous vivons par procuration. Nous oublions de parler, même avec notre conjoint. Nous avons oublié l’importance de la parole et des échanges entre les êtres » observe Raphaëlle. Tout l’inverse de ce qu’elle voit au quotidien en Afrique. « Les habitants, ici, peuvent passer des heures à parler, rigoler, s’échanger des infos oralement. Cela me fascine et me rappelle vraiment ce pour quoi nous sommes faits en tant qu’être humain : se parler et échanger.» D’autant plus que la culture zambienne s’y prête. « C’est une population de gens ultra accueillants, chaleureux, vivants, rigolos. Pas du tout un pays guerrier. Il n’y a pas d’histoire compliquée. Ici il y a 73 dialectes différents, 73 ethnies et tous vivent très bien ensemble. » La parole pour se découvrir La rencontre, facteur de paix ? Pas de rencontre sans parole et là, tout se joue. «Parler devient une expérience heureuse, explique la philosophe Marie Robert. C’est dans la parole qu’on sort du gouffre qui nous sépare et que les frontières s’estompent. » Mais l’exercice n’est pas évident, car la rencontre ne se fait pas seulement entre deux individus singuliers, mais entre deux êtres influencés par leur histoire, leur éducation, et par le contexte de la rencontre tempère le philosophe Maurice Merleau-Ponty.Se rencontrer est un acte social par excellence. Pour que cela se transforme en une vraie rencontre, « il faut dégager tous les autres de la discussion » s’amuse Marie Robert. Accepter sa propre vulnérabilité Apparaitre tel qu’on est, loin de nos différents rôles sociaux nous rend cependant vulnérable. Mais cela aussi fait partie de la rencontre estime Raphaëlle. « C’est notre propre capacité à nous montrer tel que nous sommes. On ne rencontre bien que quand on est ouvert avec le cœur. Moins on est dans le jugement, plus on est dans le partage, plus on est dans la vulnérabilité et plus on est capable d’échanger sans faux semblant. Nous abandonnons nos masques endossés au fur et à mesure de notre vie adulte. Et c’est là que réside la beauté de la rencontre. Elle se fait à cœur ouvert. Ce qui nous rend également vulnérables. Pour Brenée Brown, la vulnérabilité, c’est descendre dans l’arène avec son cœur ouvert. Pour moi, être vulnérable, être à cœur ouvert, c’est ce qui nous rend disponibles pour les gens autour de nous. » Faut-il y voir un risque ? Au contraire, pour Charles Pépin, « oser se montrer vulnérable, c’est donner sa chance au doux réconfort de l’amitié. » La rencontre pour devenir soi Devenir soi en sortant de soi-même ? La rencontre nous permet-elle de mieux nous connaitre ? C’est ce que défend Charles Pépin : « J’avais peur de me lancer parce que je ne voyais que le monde et moi, mes responsabilités et moi, mon angoisse et moi… J’avais oublié que l’essentiel pouvait venir d’ailleurs que moi. J’avais oublié la véritable nature – relationnelle – de l’animal humain. J’avais oublié que je manquais non pas de talent ou de qualités, ou même de courage… mais simplement de toi. De cet être qui n’est pas moi, mais sans lequel je ne peux me réaliser. » Ainsi la rencontre est loin d’être un élément superficiel. Nous en avons besoin pour devenir pleinement nous-mêmes affirme le philosophe qui s’appuie sur de nombreux exemples. Picasso n’aurait ainsi jamais peint Guernica s’il n’était devenu ami avec le poète engagé Paul Éluard. Voltaire n’aurait pas défendu la cause des femmes s’il n’avait eu une longue liaison passionnelle avec la volcanique Émilie du Châtelet, femme de lettres, mathématicienne, traductrice des Principia Matematica de Newton et figure du siècle des Lumières. La rencontre n’a donc rien de futile. « Elle nous est essentielle, elle modèle notre personnalité… C’est là sa force et son mystère : j’ai besoin de l’autre, de rencontrer l’autre pour me rencontrer. Il me faut rencontrer ce qui n’est pas moi pour devenir moi » résume Charles Pépin.
«LA PETITE MAISON », HISTOIRE D’UNE COLOCATION EXTRAORDINAIRE
9 novembre 2022
A Bruxelles, il existe une «colocation extra-ordinaire ». Edouardo et Nathalie, tous deux trisomiques et très autonomes, partagent leur quotidien avec deux colocataires « valides ». Le résultat ? Une colocation inclusive, fondée sur des valeurs (énoncées dans une charte signée par chaque colocataire), des échanges quotidiens, de la bienveillance… Bref une colocation vraiment extraordinaire. Rencontre avec Thierry, le père d’Edouardo et co-fondateur de cette colocation pas comme les autres. Faire face au manque de solutions satisfaisantes COOLOC : Comment s’est mise en place cette colocation inclusive ? Thierry della Faille : Beaucoup de parents sont dépourvus lorsqu’ils doivent penser à l’hébergement et aux activités de leurs enfants ayant un handicap mental. Soit ils font appel à des institutions publiques – si elles existent- soit ils se tournent vers les initiatives privées … Ou alors, ils remontent leurs manches et créent eux-mêmes une solution d’hébergement. En Belgique, il existe très peu d’hébergements adaptés au potentiel de nos enfants Edouardo et Nathalie. Il existe bien sûr des structures comme l’Arche. Mais pour y être hébergé, il faut y être présent tous les jours, de jour comme de nuit. Trouver l’hébergement adapté pour les enfants COOLOC : Quelles sont les activités d’Edouardo et de Nathalie ? Thierry della Faille : Edouardo, un jour et demi par semaine, se rend à son atelier au CREAHM avec une troupe de danseurs contemporains. Ils se produisent dans des centres culturels. Il participe, le reste du temps à des ateliers créatifs Indigo, pour préparer d’autres spectacles parfois relativement importants. Il a fait 8 ans de cirque, ce qui lui a permis de se produire dans de nombreuses villes à l’étranger : Toulouse, Belgrade, Turin, Beauvais. Sans oublier les Pays Bas et, bien sûr, très souvent dans des théâtres à Bruxelles et à Namur. Avec sa troupe de danse, il a été jusqu’à participer à Séoul à un festival de danse contemporaine pour des personnes différentes. Nathalie a travaillé au restaurant, le 65 Degrés à Bruxelles, en salle et en cuisine. Elle a travaillé également chez un traiteur près de chez elle. Par ailleurs, elle a pris des cours de tennis, elle fait de la natation. Elle a un don extraordinaire pour le dessin et la BD. Elle fait aussi du théâtre également au CREAHM. Dans un centre de jour classique, ni l’un ni l’autre ne se seraient jamais autant épanouis. Restait le problème de l’hébergement. Il existe des appartements supervisés. Mais la supervision au quotidien parfois laisse à désirer. Les résidents se nourrissent n’importe comment car ils ne sont pas très encadrés. Nous voulions, pour nos enfants un environnement plus stable. Aussi, nous avons pris notre courage à deux mains pour mettre sur pied une « colocation extraordinaire ». Colocation oui, maternage, non ! COOLOC : Comment s’organise la colocation dans la « petite maison » ? Thierry della Faille : Nous, les parents, nous louons une maison, de 4 chambres, dont sont 2 occupées par des étudiants. Nous choisissons des étudiants bienveillants et ayant une fibre sociale. Il s’agit souvent d’étudiants français qui viennent étudier la médecine en Belgique Ils nous semblent qu’ils ont une fibre sociale plus développée. Mais il n’est pas question de materner Nathalie et Edouardo. Eux veulent partager une expérience extraordinaire de colocation. C’est très enrichissant, car très inclusif ! En ce moment, nous avons deux étudiantes. L’une est de Toulouse et fait un master de psychologie à Bruxelles. L’autre est de Roanne et est venue faire ses études de pharmacie en Belgique. Toutes deux ont fait leur service civique, ce sont autant d’éléments qui nous rassurent. Assurer la stabilité et la convivialité COOLOC : Les colocataires ont-ils un rôle spécifique auprès d’Edouardo et de Nathalie ? Thierry della Faille : Nous demandons aux colocataires de participer à la préparation du diner du lundi au jeudi et de prendre les repas ensemble. Cela permet d’assurer la convivialité et la stabilité dans la colocation. Le matin, Edouardo et Nathalie se débrouillent seuls pour préparer leur petit déjeuner et s’habiller. Ils sont très autonomes. Ils prennent les transports publics, vont à l’autre bout de la ville sans problème. Nous veillons à ne pas rendre la tâche trop lourde pour les colocataires. Edouardo et Nathalie passent les week end en famille. Ils arrivent le lundi et repartent le vendredi. Les colocataires eux restent dans la maison le week end. En revanche, la présence d’au moins un colocataire est nécessaire quand Nathalie et Edouardo sont là. Nous, les parents, vivons à 150 m. Mais jamais nous n’avons eu à intervenir. Nous voulons augmenter l’autonomie de nos enfants Et cela passe aussi par la colocation. Nous entamons notre 4e année, et jusqu’à présent, ce compromis colocataires – parents tient la route. Un objectif personnel COOLOC : Comment Edouardo et Nathalie ont-ils accepté l’idée de vivre en colocation ? Thierry della Faille : Lui et Nathalie se sont montré enthousiastes. En tant que parents, nous leur faisions confiance à tous les deux. Edouardo s’était fixé comme objectif de vivre hors du foyer familial à 35 ans. Finalement, il en avait 33, lorsque la colocation s’est montée. Pendant les 15 premiers jours dans la maison, Edouardo et Nathalie étaient un peu inquiets. Et nous, les parents, nous sommes allés dormir à tour de rôle dans la colocation pendant un mois pour qu’ils s’habituent. Aujourd’hui, les enfants sont heureux car ils ont un autre cadre de référence que le foyer familial. La gestion des conflits COOLOC : Vous n’avez jamais craint de mésententes dans la colocation ? Thierry della Faille : Edouardo et Nathalie sont toujours partants et enthousiastes. Avec eux, on sait que ça se passera bien. Même s’ils n’ont aucun lien de parenté, ils s’entendent vraiment très bien. Et chacun d’eux mène sa barque comme il l’entend. Entre parents, nous nous entendons aussi très bien. Nous sommes davantage vigilants aux relations entre les deux colocataires. Pour nous, c’est là que réside l’inconnu. Il nous est arrivé d’avoir un problème une fois, non avec Edouardo et Nathalie mais entre les deux colocataires. Il y avait une sorte de compétition dans la bienveillance. L’une se sentait plus maitresse de maison, et les maternait davantage. D’où la nécessité de faire un casting rigoureux dès le départ. Maintenant, lorsque nous trouvons un premier colocataire, nous veillons toujours à ce qu’il s’entende bien avec le second. Les leçons à tirer de la colocation extraordinaire COOLOC : Quelles leçons tirer de la colocation inclusive ? Est-ce un modèle à dupliquer sur le modèle de Fratries en France ? Thierry della Faille : Dans les pays nordiques, ou aux Pays Bas, le concept est infiniment plus développé. Au Pays-Bas par exemple, le gouvernement a développé les Thomas Huizen. Il y en a 3 en Flandres. Ces colocations accueillent des adultes avec un handicap mental léger. Un couple réside sur place dans un appartement privé. Il a un rôle de community manager et supervise la colocation. Le couple est rétribué par le gouvernement pour ce travail. De notre côté, notre colocation extraordinaire tiendra le temps qu’il faut, toujours en partant du principe qu’il faut des échanges et de la bienveillance.
QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES DE L’INFLATION SUR LE LOYER ?
30 mai 2022
Il en est sans cesse question dans les journaux. Quels seront les effets de l’inflation sur votre loyer ? Dans quelle mesure ce dernier va-t-il augmenter ? Une inflation galopante Cela ne vous aura pas échappé : depuis 6 mois, l’augmentation des prix a entrainé la hausse de l’inflation. En janvier, elle était déjà en hausse de +2,9% sur un an. Ajoutez à cela la guerre en Ukraine qui a entrainé, voire accéléré la hausse des prix de l’énergie et des produits de grande consommation. Résultat : l’inflation a grimpé de +3,6 % en février et + 4,5 % en mars. Selon certaines prévisions, elle pourrait atteindre 3,7 % à 4,4 % d’ici la fin de l’année. … Qui n’épargne pas les loyers Cette augmentation des prix n’épargne pas les loyers, alors que la demande de logement reste d’autant plus forte que nombre de salariés continuent le télétravail. Si l’inflation se ressent également dans les loyers, elle est cependant régulée à travers l’indice de référence des loyers (IRL). Ce dernier est calculé par l’Insee à partir de la moyenne de l’évolution des prix à la consommation – hors tabac et hors loyer. L’Insee publie chaque trimestre le nouvel IRL en vigueur. Avec une augmentation de 2,48 % au 1er trimestre 2022, le bond est énorme. A titre de comparaison, il avait augmenté de +0,83 % au 3ème trimestre 2021, de +1,61 % au quatrième trimestre 2021. Il est à peu près certain que l’IRL du 2ème trimestre 2022, qui paraitra le 13 juillet, accusera de nouveau une hausse sensible. Des loyers en hausse malgré la régulation Les bailleurs qui souhaitent augmenter les loyers d’une année sur l’autre doivent donc le faire en fonction de l’IRL qui fixe ainsi la hausse maximale. Le calcul est le suivant : loyer en cours x nouvel IRL du trimestre de référence du contrat/IRL du même trimestre de l’année précédente. Et vous obtenez votre nouveau loyer ! Le principe est donc d’adapter le loyer à l’augmentation du cout de la vie sans infliger aux locataires une hausse démesurée. Quoique ! Tout dépend des revenus des locataires, du loyer et de leur reste à vivre. Avec un petit salaire, chaque augmentation de loyer entraine des économies sur d’autres postes (santé, nourriture…) Une bonne raison de rechercher une colocation ? Avec l’inflation, votre loyer augmentera-t-il ? L’inflation fera-t-elle augmenter votre loyer ? Pas forcément. D’une part votre bail doit comporter une clause de révision, sans laquelle votre loyer restera le même tout au long du bail. D’autre part,… hé bien tout dépend de votre bailleur. Ce dernier ne peut augmenter le loyer qu’une fois par an. Cette augmentation a lieu à date fixe prévue dans le bail (ou par défaut à la date anniversaire du bail). Si au bout d’un an, pas de chance, il ne peut plus prétendre à une augmentation du loyer. Depuis la loi Alur de mars 2014, la rétroactivité n’est plus autorisée. Pour savoir de quel ordre sera l’augmentation, rendez-vous sur le site de l’Anil qui a mis en place un simulateur calculant le montant du loyer après révision. L’augmentation du loyer dépend donc du bailleur. Sachez, en tant que propriétaire que vos locataires vous seront reconnaissants si vous n’augmentez pas chaque année le loyer. Ils doivent faire face à l’augmentation générale des prix, mais aussi des charges. En particulier si le logement se situe dans une zone de tension. A Clermont-Ferrand, les loyers ont augmenté de 6,19 % entre le premier trimestre 2021 et le premier trimestre 2022. La hausse était de + 4,91 % à Lille, + 3,97 % à Saint-Etienne, + 3,18 % à Rennes et + 2,83 % à Reims sur la même période. Certaines villes ont pris les devants. A Paris, Lille, Lyon et bientôt Bordeaux, les autorités ont mis en place l’encadrement des loyers. La préfecture établit quel est le loyer maximum d’un bien en fonction de sa nature et de sa situation géographique. Une décision drastique mais nécessaire. Les conséquences de l’inflation sur le loyer s’ajoutent à la difficulté à se loger qui se ressent partout … en particulier dans les grandes villes.
TROUVER LE BON COLOCATAIRE
18 avril 2022
Comment trouver le bon colocataire ? La question est primordiale. En partageant un toit, vous partagez aussi une partie de la vie et des habitudes de personnes qui sont encore de parfaits inconnus. Comment faire pour que le quotidien se passe bien ? Pour éviter les mauvaises surprises, voici les 5 règles qui vous permettront pour trouver les bons colocataires, à savoir ceux qui vous conviennent à vous ! 1ère règle : se connaitre soi-même Avant de vous lancer à la recherche de colocataires de rêve, une petite séance d’introspection vous attend. Vous connaitre vous-même suffisamment vous permettra de savoir ce que vous acceptez – ou pas – dans une colocation. Observez vos habitudes, vos goûts, ce que vous appréciez, ce que vous détestez. Quel est votre rythme de vie ? Êtes-vous plutôt calme ou fêtard – voire les deux selon l’humeur du jour ? Cela vous donnera une idée de l’ambiance de la colocation que vous souhaitez. Fumez-vous, supportez-vous les odeurs de cigarette chez vous ? Supporterez-vous un colocataire fumeur ? Et si vous-même vous fumez, comment s’organisera la cohabitation, s’il faut compter avec la nicotine ? Êtes-vous du genre à grignoter dans votre coin, ou préférez-vous les repas en compagnie ? Et quid des animaux de compagnie ? Autant de questions qui vous permettent aussi bien de cerner le cadre dans lequel vous souhaitez vivre, vous présenter, mais aussi de savoir ce que vous êtes prêt à accepter dans une vie en communauté. Faites la liste de ce que vous aimez dans votre vie en solo et souhaitez conservez, et ce que vous voulez ou acceptez de changer. Pas de panique si vous avez du mal à savoir ce qui est important pour vous. COOLOC vous aide. Une fois votre profil rempli, le matching s’opère. Vous trouverez ainsi plus facilement des colocataires qui vous ressemblent. Savoir ce que vous aimez, tolérez ou refusez est primordial pour trouver le ou les bon(s) colocataire(s). Sauter cette étape risque de vous conduire aux pires désillusions. « J’avais emménagé dans une colocation où nous étions deux, raconte Pietro. La chambre était bien, mais le quotidien horrible. Ma colocataire ne lavait jamais sa vaisselle, ne rangeait rien et fumait dans l’appartement. Dès que j’ai pu, je suis parti. » 2e règle : se fier à son intuition Les premières impressions sont souvent les bonnes. Si vous intégrez une colocation, concentrez-vous sur l’ambiance, l’état du logement. Est-ce un lieu où vous vous projetez ? Comment se déroulent vos premiers rapports avec le ou les colocataires présents ? Faites le tour pour savoir comment s’organise la vie : chacun pour soi et une intimité hyper préservée ? Beaucoup d’échanges, de repas et d’activité en commun ? Bref, est-ce un endroit qui vous correspond ? Certes, vous ne devez pas pour autant perdre de vue le côté pratique : la colocation est-elle proche du travail ou de l’université ? Des transports ? Etc. L’expérience montre que si vous vous sentez bien dans une colocation, vous avez tendance à vouloir la préserver et à y rester plus longtemps. L’inverse est également vrai. Aussi, le bon colocataire, c’est celui avec lequel vous avez envie de partager non seulement un logement, mais aussi des moments de vie, des discussions. Bref, celui ou celle, ou ceux qui vous donne envie de tester le vivre ensemble. Cela peut prendre un peu de temps pour confirmer vos intuitions. N’hésitez pas à vous rencontrer plusieurs fois pour approfondir les choses. Attention, si malgré tout, et en dépit de l’appartement génial, le feeling ne passe pas, n’insistez pas. 3e règle : mettre les choses au clair dès le début Aussi sympathiques et arrangeants que soient vos colocataires, c’est un incontournable. Des règles doivent être instaurées dès le début, tous ensemble, concernant le règlement du loyer, le partage des charges, la gestion du ménage dans les pièces communes, des ordures et poubelle et, le cas échéant, organisation des courses. Certaines colocations vont jusqu’à organiser les heures d’occupation de la salle de bain ou la gestion des relations avec le propriétaire ou le bailleur. Que se passe-t-il en cas de départ ou de recherche d’un nouveau colocataire ? L’important est que chacun puisse donner son avis et ses idées et que les règles proposées remportent l’adhésion de tous. C’est tout l’intérêt de la charte de colocation. Si vous rejoignez une colocation déjà formée, vous acceptez les habitudes mises en place. Au moins, vous savez à quoi vous en tenir et vivre en colocation, c’est aussi vous engager à respecter ces règles. Attention, la charte de colocation n’est pas gravée dans le marbre. Elle doit parfois être adaptée ou amendée en fonction des besoins. Il arrive également que les propriétaires proposent une charte de colocation. Rien ne vous empêche de partir de cette base pour ajouter d’autres points nécessaires pour vivre une harmonieuse colocation. 4e règle : être ouvert à la discussion Trouver le bon colocataire, c’est aussi parler. Vivre en colocation ou en coliving, c’est être capable de discuter et échanger souvent… voire très souvent. Pourquoi ? Car la décision de l’un peut avoir des conséquences pour les autres. Visites d’amis à l’improviste, gestion en cas de perte des clefs de l’un des colocataires… Tous les cas peuvent – voire doivent – être soumis à discussion afin de vérifier que chacun donne son ressenti. « Le principe de base pour vivre en colocation, explique Corentin qui vit en colocation depuis des années, c’est que rien ne va de soi… J’ai appris avec le temps que si quelque chose ne va pas, il faut le dire tout de suite, et gentiment. » Avec ses colocataires, Corentin passe beaucoup « – mais vraiment beaucoup – de temps à discuter. Nous abordons tous les aspects de ce qui va, de ce qui ne va pas, de ce qu’il faudrait changer… Par exemple, si nous voulons inviter des gens à la maison, nous en discutons. Quand ? Comment ? Qu’est-ce qui dérange ?… Nous discutons de tous les aspects car tout peut être porteur de problèmes, de frustrations. Certaines personnes gardent beaucoup en eux. Ils explosent à un moment à cause d’un détail et vous ne comprenez pas pourquoi. En fait, depuis 6 mois, ils gardent pour eux quelque chose qui ne leur a pas plu. » 5e règle : être conscient de ses motivations Pourquoi choisissez-vous la colocation ? Est-ce pour des raisons financières ? professionnelles ? Êtes-vous en transition ? Ou est-ce l’amorce d’un changement de vie ? Autant de questions sur lesquelles vous devez avoir les idées claires. Si la colocation est dictée par des motifs professionnels, alors effectivement la proximité de votre lieu de travail est un facteur important. Mais vous aurez peut-être aussi à cœur de trouver des colocataires que vous aurez plaisir à retrouver pendant la semaine pour discuter après le travail ou partager un bon moment de détente. S’agit-il d’un changement de vie ? Ou tout simplement de ville ? La colocation peut vous permettre de découvrir et d’appréhender votre nouvel environnement en douceur et non sans la douleur. Rien de mieux que de vivre avec des locaux lorsque vous arrivez dans une nouvelle ville. Pourquoi ne pas tenter la colocation à la campagne si vous avez des velléités de devenir néo-rural ? Dans ce cas, la colocation n’est pas seulement un logement, c’est aussi découvrir un mode de vie. Il arrive souvent que la colocation soit une question financière ou de transition à l’issue d’une séparation, avec ou sans enfant. Est-ce pour autant qu’il faut négliger le côté humain du choix ? Au contraire ! Lorsqu’on se sépare, habiter avec d’autres colocataires avec lesquels discuter, échanger, partager et se sortir la tête de ses problèmes est bénéfique, non seulement pour le moral, mais aussi pour retrouver l’énergie de démarrer une nouvelle vie. Aussi même si vous avez besoin de trouver rapidement un nouveau logement, n’oubliez pas les règles précédentes pour trouver le bon colocataire, avec lequel vous vous entendrez le mieux. La colocation n’est peut-être qu’une parenthèse dans votre vie, mais vous avez tout à gagner à rendre cette parenthèse la plus vivante et heureuse possible. Trouver le/la/les bon colocataire(s), c’est l’assurance non seulement d’avoir un logement mais aussi un supplément de vie au quotidien.
OÙ HABITER EN COLOCATION À LA CAMPAGNE ?
28 mars 2022
Où habiter en colocation à la campagne ? Deux ans de pandémie, des inquiétudes de plus en plus accrues face au climat… L’envie de revenir au vert n’a jamais été aussi forte, au point de parler parfois d’exode urbain. L’envie de quitter la ville pour la campagne vous taraude, mais vous ne savez pas encore quelles sont les régions faites pour vous ? Où vous diriger pour habiter en colocation à la campagne ? Et pourquoi choisir la colocation à la campagne ? L’exode urbain n’a pas eu lieu Tous les citadins ne sont pas prêts à devenir campagnards. Le covid 19 a pu amplifier le mouvement, il n’a pas – pour autant – vidé les villes pour repeupler les campagnes. Selon une étude du POPSU, la Plateforme d’Observation des Projets et Stratégies Urbaines, les départs des grands centres urbains ont eu, en majorité pour destination la périphérie d’autres centres urbains. Plus d’espace et plus de vert, d’accord ! Mais pas question de renoncer aux services et aux opportunités de travail qu’offre un centre urbain. « Paris, Marseille, Lyon, ainsi que les autres métropoles régionales – Lille, Strasbourg, Grenoble, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes, Brest, Nice – qui concentrent, outre la population, de nombreux emplois et services » continuent d’attirer la majorité des citadins aspirant au changement. Autre destination privilégiée : le littoral. La Bretagne, le Pays Basque attirent. Et leur marché immobilier connaissent aujourd’hui de fortes tensions. Mais qui choisit de qui quitter la ville pour la campagne ? Et pourquoi en colocation ? Qui choisit la colocation à la campagne ? Certes on va à la campagne pour trouver davantage d’espace et de tranquillité. Mais passer de la frénésie urbaine au calme de la campagne où rien ne se fait sans voiture peut s’apparenter à un saut dans le vide. Selon votre profil et vos besoins, la colocation est la solution pour une nouvelle vie à la campagne. Pas question pour autant de vous installer n’importe où ! Certaines régions seront plus adaptées que d’autres pour vous lancer dans une colocation au vert. En premier lieu, tout dépend de votre activité. « Nous avons un étudiant en alternance qui travaille à Pau. Il avait déjà vécu dans une colocation plus classique. Mais il adore la campagne, la nature. …Et il voulait vivre en co-location » raconte Claire, qui avec son mari, a ouvert sa maison près de Pau à la colocation. Télétravailler au vert Découvert au cours des confinements successifs, le télétravail est devenu un nouveau mode de vie. Votre emploi vous permet de mener une partie ou la totalité de votre activité à distance ou free lance ? N’ayant plus besoin d’être sur un lieu de travail traditionnel, vous pouvez maintenant accéder à du foncier moins cher, profiter d’un jardin, de la proximité de la campagne, bref, de plus d’espace et de tranquillité. Avant de vous lancer, vous préférez, par prudence, tester le concept du télétravail à la campagne ? Pourquoi ne pas tester le concept de coliving au vert, comme le propose La Mutinerie Village, qui vous accueille pendant quelques jours, quelques semaines, quelques mois dans une ancienne ferme. L’endroit est conçu pour vivre ensemble et travailler en toute sérénité. Le concept séduit tellement que la Mutinerie Village propose de faire découvrir et d’accompagner les citadins, séduits par la région et tentés de s’installer définitivement sur ses douces collines. La nouvelle vie des jeunes ou pré-retraités Les annonces se multiplient. Des seniors cherchent ou proposent une colocation, pour vivre ensemble, s’entraider et rompre l’isolement lorsque la famille est loin. La science le prouve : vivre bien entouré, c’est vivre mieux et en bonne santé. C’est aussi réduire les dépenses. Le mouvement se développe, remarque le POPSU. Les seniors « privilégient des territoires avec de fortes aménités, des équipements sanitaires et médicaux, et avec une attention croissante aux effets des changements climatiques, c’est-à dire des territoires de villégiature classiques ; ils participent à l’échauffement des marchés en Bretagne et au bord de l’Atlantique ». Des ménages en « transition rurale » La campagne pour changer de vie ? C’est le cas de certains ménages qui non seulement quittent le cadre urbain, mais changent également d’activité. Ils se tournent vers une nouvelle activité professionnelle, liées à l’artisanat, la production agricole ou encore le bien-être. Ces néo-ruraux trouvent un accueil chaleureux dans les villages en quête d’un nouveau dynamisme. Ces derniers cherchent à se repeupler notamment en Bourgogne et la Creuse. Les anciens citadins, devenus néo-ruraux sont attendus. Les municipalités offrent des conditions avantageuses pour faciliter leur installation. Et des associations ou des tiers-lieux peuvent les accompagner dans la mise en place de leur activité, voire leur proposer une colocation afin de les accompagner dans le lancement de leur activité. L’exode urbain reste donc limité. Mais le besoin de changer, de retrouver une autre qualité de vie est bien réel, quel que soient l’âge et les motivations. Choisir d’habiter en colocation à la campagne rend ce rêve possible. Cela limite les coûts, les investissements, et surtout permet de maintenir une vie sociale, souvent mise à mal quand on change de vie.